Frais universitaires : un pas en avant, deux en arrière ?

 Frais universitaires : un pas en avant, deux en arrière ?

Frédérique Vidal


Vrai recul ou stratégie politique ? L’annonce concernant l’exemption des frais d’inscription universitaire pour les doctorants étrangers peine à convaincre.


Les doctorants bienvenus


Alors que depuis plus de trois mois, la perspective de la hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers extracommunautaires, et ce, dès la rentrée 2019, avait créé une levée de boucliers au sein des universités françaises, Frédérique Vidal a fait une annonce étonnante dans le JDD (Journal du dimanche du 24 février). La ministre de l'Enseignement supérieur a indiqué que cette hausse ne s’appliquera pas aux étudiants étrangers. L’inscription à la rentrée 2019, pour les master et doctorat, devait passer de 243 et 380, respectivement, à 3 770 euros.


Enfumage ?


« Ceci relève du recul stratégique et de l’enfumage » a réagi d’emblée le collectif Université ouverte. Ces étudiants et enseignants de différents établissements d’Île-de-France va plus loin :


« Ce recul stratégique a donc pour fonction de calmer les directeurs de recherche et de laboratoires, afin de diminuer les effectifs de la mobilisation ». Le timing de cette annonce n’est pas anodin, ce qui éveille d’autant plus les soupçons des étudiants et enseignants.


Un rapport sur la stratégie « Bienvenue en France », qui comprenait notamment cette mesure de hausse des frais universitaires pour les étrangers hors CEE, est paru lundi dernier (18 février).


Mesure contre-productive


Selon le rapport « Les universités sont en compétition pour attirer les meilleurs doctorants. Cette mesure serait contre-productive au regard de l’objectif de maintien et de développement de la position de la France en matière et de recherche et d’innovation ».


En France, les doctorants étrangers représentent 45 % des doctorants et pèsent donc énormément sur « l’activité scientifique dans les unités de recherche ».


Quid des non-doctorants


« Nous allons prendre un décret fin mars, afin de garantir qu'à l'avenir, pour les étudiants français et européens, les droits d'inscription seront stables et ne pourront pas augmenter plus que l'inflation » annonce Frédérique Vidal dans son interview au JDD.


Une phrase qui n’est pas de nature à rassurer le collectif Université ouverte quant à cette mesure : « Elle constitue un précédent inacceptable et, si ce n'est pas le premier, c'est un pas décisif vers la destruction d'un bien public, pilier de notre démocratie (…) nous sommes opposés à toute forme de marchandisation de l'enseignement supérieur et à toute barrière mise à l'entrée de l'université ».


Le collectif appelle donc à la solidarité et à la poursuite du mouvement malgré l’annonce de la ministre de l'Enseignement supérieur.