Point scientifique. Génétique et Covid-19 : qu’en est-il ?
Si la recherche n’est encore qu’à l’étape d’hypothèses soulevées pour valider le lien entre prédispositions génétiques et Covid-19, on remarque, dans les faits, des relations intéressantes entre génétique et contamination au coronavirus… Petit point scientifique.
Génétique versus épigénétique
La génétique correspond à l’étude des gènes qui, selon la théorie, sont responsables du développement et de la progression de certaines maladies humaines. Cependant, depuis l’apparition d’un nouveau concept « l’épigénétique », cette théorie n’est plus d’actualité.
L’épigénétique est l’étude des changements dans l’activité des gènes, pouvant être transmis lors des divisions cellulaires, n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN. En d’autres termes, l’épigénétique tente de montrer que tout n’est pas inscrit dans la séquence d’ADN du génome des cas1 et que l’« inné » et l’« acquis » interviennent ensemble dans la plupart des cas
Prédispositions génétiques
Le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2) est une maladie protéiforme responsable de la pandémie mondiale, apparu à Wuhan, Chine, fin 2019 2. Depuis son apparition et sa propagation à travers le monde, une grande disparité observée au niveau des signes cliniques et à travers les pays n’est pas encore clarifiée.
Outre le fait, que les personnes agées soient le plus à risque de contracter la maladie et d’en mourir, il est également établi que la sévérité du Covid-19 est fortement associée à des comorbidités telles que l’hypertension, le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et les maladies du système respiratoire.3 Les observations indiquent, également, que les hommes sont plus nombreux que les femmes à développer une forme grave du virus.
Cependant, les observations montrent que la grande majorité des patients infectés par le SRAS-CoV-2 présentent des symptômes légers ou inexistants alors que chez d’autres, la Covid-19 peut évoluer vers un syndrome de détresse respiratoire aigu et d’une défaillance multi organique aboutissant souvent au décès.4
Face à ce paradoxe, plusieurs projets de recherche ont été mis en place pour examiner l’hypothèse qui postule que « ces individus ont des particularités génétiques qui les rendent plus vulnérables ou plus forts, plus spécifiquement, aux formes sévères du Covid-19.
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Principales pistes explorées
Les recherches en cours se dirigent vers la possibilité de disséquer le génome des personnes qui ont été contaminées par le virus pour identifier une éventuelle mutation rare qui pourrait les rendre particulièrement susceptibles au SARS-COV-2. Les principales pistes génétiques explorées, concernent, entre autres, les variations possibles dans les gènes ACE2, TYK2 et CCR2 et le groupe sanguin.
– Rôle des gènes TYK2 et CCR2
Les TYK2 et CCR2 sont deux gènes dont le rôle est d’encoder des protéines impliquées dans la réponse du système immunitaire à l’infection par le nouveau coronavirus. Certaines études ont montré que les gens qui produisent davantage la protéine TYK2 sont plus à risque de contracter la Covid et que le CCR2 est associée à une forme sévère de Covid-19.5
– Variations possibles dans le gène ACE2 (Angiotensin-Converting Enzyme2)
Le gène ACE2 est celui qui code pour le récepteur cellulaire. Le virus l’utilise comme porte d’entrée pour infecter sa cellule hôte . Les chercheurs tentent de montrer que d’éventuelles mutations génétiques dans ce gène pourraient empêcher ou favoriser l’infection du coronavirus
– Groupe sanguin et COVID-19
Certaines études ont révélé que les personnes du groupe A sont plus à risque d’être infectées par la Covid-19 que celles des groupe B et AB, 4,6 alors que le groupe O aurait un effet protecteur, comparativement aux autres groupes. Les résultats de cette étude concordent avec ceux rapportés par d’autres recherches qui révèlent que les personnes du groupes sanguins O sont moins à risque de contracter la Covid-19 que les personnes des autres.7,4,8
Des projets en cours d’élaboration
La recherche n’est encore qu’à l’étape d’hypothèses soulevées pour valider le lien entre prédispositions génétiques et Covid-19. Plusieurs projets, dans le monde, sont en cours d’élaboration, pour tenter d’identifier certaines particularités génétiques, à l’origine de la variabilité observée au niveau des signes cliniques, notamment dans la forme grave de Covid-19.
En particulier, l’identification du gène TYK2 peut conduire à des traitements déjà utilisés pour d’autres pathologies et qui peuvent limiter son action dans le cas de la Covid-19.
Sources
1. Deans C, Maggert KA. What do you mean, « epigenetic »? Genetics 2015; 199(4):887-96.
2. Zhu N, Dingyu Zhang D, Wenling Wang W, et coll. A Novel Coronavirus from Patients with Pneumonia in China, 2019. N Engl J Med 2020; 382:727-733
3. Amber L. Mueller, Maeve S. McNamara1, David A. Sinclair (2020). Why does COVID-19 disproportionately affect older people? Aging 2020; vol. 12, no. 10
4. Arthur Kaser, M.D. Genetic Risk of Severe Covid-19 (2020). N Engl J Med; 383:1590-1591
5. Pairo-Castineira E, Clohisey S, Klaric L, et coll. Genetic mechanisms of critical illness in Covid-19. Nature 2020; Dec 11.
6. Zhao J, Yang Y, Huang H, et coll. Relationship between the ABO blood group and the COVID-19 susceptibility. Clin Infect Dis 2020; doi: https://doi.org/10.1101/2020.03.11.20031096
7. Barnkob MB, Potteg A, Støvring H, et coll. Reduced prevalence of SARS-CoV-2 infection in ABO blood group O. blood advances 2020; volume 4, number 20
8. Li J, Wang X , Chen J , et coll. Association between ABO blood groups and risk of SARS-CoV-2 pneumonia. Br J Haematol 2020;190 (1): 24 -27