Tunisie – « Un si long chemin vers la démocratie » : le témoignage de Mustapha Ben Jaâfar
« Un si long chemin vers la démocratie » de Mustapha Ben Jaâfar : un panorama intéressant des moments clés de la vie politique contemporaine tunisienne, de l’avant comme de l’après révolution. Lecture de Hatem M'rad.
Mustapha Ben Jaâfar, l’opposant à Ben Ali et l’ancien président de l’Assemblée Nationale Constituante, a publié, il y a quelques mois à l’édition Nirvana, son témoignage sur les moments politiques clés de sa vie, dans un livre intitulé « Un si long chemin vers la démocratie », un entretien conduit par Vincent Geisser. L’homme et ses choix politiques n’ont pas toujours été bien compris par les Tunisiens après la révolution. Ce témoignage d’un des acteurs principaux de la transition démocratique nous livre plusieurs aspects de sa personnalité, inconnus par le grand public. Ben Jaâfar tente aussi d’éclairer et de justifier ses choix politiques durant l’ancien régime autoritaire, comme ceux de l’après- révolution.
D’emblée, l’auteur indique qu’il n’apprécie pas la politique spectacle qui s’est développée après la Révolution. Celle qui voulait faire croire à la population que la liberté et la démocratie ne sont nées qu’après le 14 janvier 2011à travers certains nouveaux personnages trop voyants. Beaucoup de nouveaux venus, sans passé politique militant notoire, sont venus se greffer au paysage politique.
La politique, il y est né, lui, dès l’enfance. Il fait partie de la huitième génération des Ben Jaâfar venus d’Izmir de Turquie, pour s’installer au XVIe siècle à Tunis. La maison de ses ancêtres « Dar Ben Jaâfar » est située au cœur de Bab Souika, près de la Mosquée Halfaouine et de la zaouia de Sidi Mahrez. C’est dans cette maison, partagée par trois familles descendantes de son grand-père Rachid Ben Jaâfar qu’il est né le 8 décembre 1940. Au XIXe siècle, la famille Ben Jaâfar comptait aussi bien des commerçants chaouachi que des hommes de loi (âdul) issus de l’Université Zitouna, puis des administrateurs. Du côté maternel, il appartient à la famille Boukef, de Bab Jedid, où se situe « Dar Boukef ». Les deux familles Ben Jaâfar et Boukef ont déjà eu auparavant des liens patrimoniaux. En 1940, année de sa naissance, la famille Ben Jaâfar vivait dans des conditions modestes sur le plan financier. Le décès de son père en avril 1946, alors qu’il n’avait que 5 ans, a aggravé la situation.
En fait la politique s’est brutalement imposée à lui. Il a grandi à Bab Souika, faubourg populaire de la médina de Tunis, qui était un haut lieu d’activisme politique et de résistance à la colonisation. Son grand-père Rachid Ben Jaâfar était l’un des fondateurs du Vieux Destour. Puis, la famille se rallie au Néo-Destour de Bourguiba à partir de 1934. Famille de lettrés, issus de la Zitouna, ayant une double culture franco-arabe, les Ben Jaâfar avaient rejoint le camp nationaliste en jouant un rôle important à la cellule destourienne de Halfaouine. Leur maison est ainsi devenue un foyer d’activisme politique abritant des réunions clandestines. Le héros, et l’inspirateur politique de Mustapha Ben Jaâfar était son cousin Naceur Ben Jaâfar. Il estime que « si je suis là aujourd’hui, à la tête de l’Assemblée nationale constituante, c’est aussi probablement grâce à lui ». Son cousin était un véritable leader politique, un chef naturel. A 25 ans, il devenait le responsable de la cellule destourienne de Halfaouine, l’une des plus importantes et des plus symboliques du parti. Aujourd’hui, une rue de Bab Souika porte son nom. La maison Ben Jaâfar a vu passer les grands dirigeants destouriens venus assister à des réunions : Salah Ben Youssef, Ali Belhouane, Mongi Slim, Ahmed Tlili, Taieb Mhiri. « Quand ce n’était pas la maison familiale, dit-il, c’est l’ambiance du quartier qui contribuait à me politiser ».
Ensuite, il réussit le concours d’entrée au Collège Sadiki. Issu d’une famille modeste, il a obtenu une bourse. Il était séduit au collège par la personnalité de Habib Boularés, alors en classe terminale, qui était l’un des leaders de la révolte des élèves de Sadiki contre la politique coloniale. En 1958, il passe le baccalauréat avec succès et entre à l’Institut des Hautes Etudes de Tunis, à l’époque la seule institution d’enseignement supérieur en Tunisie. A l’indépendance, c’était le « désert universitaire » en Tunisie. Ceux qui voulaient étudier sont contraints de partir en Algérie ou en France. Il choisit la France pour faire des études de médecine, grâce à un prêt d’honneur transformé en bourse. Il logeait à la Maison de Tunisie de la Cité universitaire. A la Cité, il fait la connaissance de Mohamed Charfi, de Khémais Chammari, Ahmed Smaoui, Habib Ayadi, tous très critiques à l’égard du Néo-Destour. Il faisait à la fois des études de médecine et militait au sein de l’UGET et dans les structures du Néo-Destour. A la fin de 1961, il fait la rencontre de sa future épouse à la Cité universitaire, Evelyne Buhot, étudiante en histoire-géographie, devenue professeur agrégée en Tunisie.
L’affaire Ben Salah (1969-1970) a constitué un véritable choc pour Ben Jaâfar. Il a été heurté par la brutalité de son limogeage, alors qu’il n’agissait pas seul. Le puissant ministre prenait ses décisions en accord avec les autres responsables du régime et du parti. Les dirigeants du parti étaient d’après lui collectivement responsables des erreurs et des dysfonctionnements de la politique socialisante des coopératives. Bourguiba même ne manquait pas de prendre la parole pour défendre la politique de Ben Salah. « Voilà donc, dit-il, le grand tournant politique d ma vie et aussi de ma première crise de confiance vis-à-vis du parti. Le mythe s’est effondré. C’était moins le rejet brutal de la politique socialiste de Ben Salah qui m’avait secoué que les méthodes punitives employées à son égard pour l’exclure, le juger, le condamner et le jeter en prison comme un malpropre ». L’affaire a surtout révélé au grand jour l’absence de démocratie au sein du parti, et l’incapacité du régime à se réformer. Il n’est pas étonnant que Mustapha Ben Jaâfar fut par la suite sensible au discours réformiste de Ahmed Mestiri.
Le 8e Congrès de Monastir du 11 octobre 1971 du parti destourien a en effet consacré le triomphe des réformateurs, partisans de la ligne démocratique défendue par Ahmed Mestiri. Celui-ci a été élu au Comité central par 788 voix sur 950 suffrages, juste derrière Bahi Ladgham. Il avait le soutien de toutes les cellules, les délégations et les gouvernorats. Mais, Bourguiba a tranché en faveur des conservateurs. La plupart des libéraux ont été alors exclus. Preuve que le parti était incapable de se réformer.
Ben Jaâfar faisait le va-et-vient entre Tunis et Paris pour participer aux activités politiques. En 1975, il décide de rentrer définitivement en Tunisie pour des raisons professionnelles, familiales et politiques. L’affaiblissement du régime par la crise de Ben Salah a provoqué un bouillonnement sociétal, intellectuel et politique dans les années 1976-1978. Création de la Ligue des droits de l’homme en 1976 grâce au rôle joué par Hassib Ben Ammar, ancien ministre de Bourguiba. Ben Jaâfar participe à la création du journal « Er Raï », lancé par Hassib Ben Ammar en 1977, auquel il s’est personnellement investi en tant qu’un des rédacteurs par des articles et tribunes. Le journal a été un grand succès auprès de la société civile. La boucherie des militants de l’UGTT liée aux évènements du 26 janvier 1978 va accélérer le processus pluraliste et la création d’un parti d’opposition, le Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) autour des libéraux dissidents du PSD, auquel Ben Jaâfar est l’un des fondateurs aux côtés de Mestiri.
Les années 80 sont les années d’éveil de la société civile dans un contexte dominé par l’autoritarisme ambiant et une période d’intense activité de l’opposition. La Conférence nationale sur les Libertés, la LTDH dominée par le groupe des libéraux, la création du MDS, suivie de celle d’autres partis de l’opposition, tels que le PCT (réhabilité), le MUP. Les élections de 1981 furent un nouveau test pour Bourguiba. Les membres du MDS avaient conscience que Bourguiba n’accepterait pas une victoire totale de l’opposition, mais ils espéraient de lui un geste d’ouverture conformément à sa « politique des étapes ». Il n’en était rien. Bourguiba, pris de panique, ordonne la fraude électorale massive. A Jendouba, le seul gouvernorat où le dépouillement a eu lieu dans des conditions transparentes, le MDS a recueilli 60% des suffrages. Le gouverneur de la région, Abderrazak Ayoub, un ancien syndicaliste proche de Habib Achour, a aussitôt était révoqué.
Avec l’apparition des islamistes, le régime lançait sa politique sécuritaire. En fin de règne Bourguiba voulait la tête des islamistes. Il est vrai que les émeutes du pain avaient constitué une alerte générale : près de 150 victimes, des centaines de blessés. « Cette période 1984-1987, estime Ben Jaâfar, a correspondu pour nous, militants de l’opposition, et des droits de l’homme, aux années les plus noires du bourguibisme. Ce fut l’épilogue sanglant d’un régime destourien auquel nous avions pourtant cru dans notre prime jeunesse ». Ce fut aussi l’épilogue de Bourguiba lui-même.
Le MDS a approuvé le changement du 7 novembre 1987, mais il ne voulait pas donner un chèque en blanc au nouveau pouvoir. Le parti a revendiqué aussitôt l’organisation d’élections démocratiques. Toutefois au sein du MDS des différends ont commencé à surgir entre ceux qui sont favorables au rapprochement avec le RCD de Ben Ali et aux listes uniques aux élections (comme Mohamed Moaâda et Dali Jazi), Avec Ahmed Mestiri, Ben Jaâfar étaient parmi ceux qui s’y opposaient pour préserver l’autonomie du parti. Ben Ali était en état de grâce, soutenu par l’opinion. Le MDS a signé le Pacte national comme toutes les forces politiques et sociales du pays. Mais dès 1988-1989, des signes émis par Ben Ali ont suscité des doutes. Ils ont compris qu’il n’y aura pas de changement. Le régime manipulait tout le monde. Hédi Baccouche débauchait les leaders de l’opposition en faveur des listes communes. Face au refus du MDS, Ben Ali sévissait. La stratégie de Ben Ali était toujours de « pousser vers la bipolarisation politique et électorale (islamistes-pouvoir), de jouer sur la peur à l’encontre des islamistes et de les réprimer avec l’accord tacite des démocrates, du moins de certains d’entre eux. Le pouvoir a donc crée une véritable fracture, faisant monter tous les partis contre les islamistes afin de persuader les citoyens qu’il n’y avait d’autre alternative que le RCD ou le danger islamiste ». D’ailleurs, la police politique a encouragé les islamistes à se déclarer publiquement pour les ficher et les réprimer brutalement. Ahmed Mestiri a fini par démissionner de son poste de secrétaire général du MDS. C’était pour lui une question d’honneur. Mohamed Moâada, Khémais Chammari, Ismaël Boulahya, Ahmed Khaskhoussi ont fini par liquider ce qui restait encore de l’indépendance du MDS, en favorisant un rapprochement total avec le pouvoir. Ainsi, depuis son arrivée au pouvoir, « toute la stratégie de Ben Ali avait consisté à réprimer les islamistes, instrumentaliser et étouffer les organisations de la société civile que représentaient l’UGTT, la LTDH et le MDS. En 1994, la récupération des directions de ces trois organisations et leur inféodation au régime étaient totales. La dictature mauve était désormais bien installée ». Plus rien ne devait échapper au contrôle du palais présidentiel. Ben Ali s’imposait par la peur. Une fois les islamistes réprimés, il s’attaquait à toute forme de résistance, politique ou civile.
Après la déception de l’évolution du MDS et du régime, Ben Jaâfar décide de fonder un nouveau parti, le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (Ettakatol), autour d’une équipe composée de Mouldi Riahi, Khalil Ezzaouiya, Abdellatif Abid, Mohamed Bennour, Mohamed Farhat, Ali Romdhane. Car il n’y avait plus de véritable parti d’opposition légale en Tunisie, à l’exception du PDP de Néjib Chebbi. Aux législatives de 1994, l’opposition d’allégeance n’a récolté que des miettes : 3% des suffrages, tous partis confondus. En compensation, le pouvoir lui accorde un quota de 19 députés, selon un nouveau mode de scrutin clientéliste. Ces députés se comportaient au Parlement « comme de vrais parlementaires du RCD ». Il reconnait qu’Ettakatol n’a pu récupérer tous les déçus du MDS. Les réunions du nouveau parti ont généralement lieu soit dans des domiciles privés, soit dans des cafés, toujours sous surveillance.
Ben Ali n’a pas manqué d’établir un harcèlement professionnel vis-à-vis de Ben Jaâfar. Retrait de sa fonction de chef de service de radiologie à l’hôpital de la Rabta, son transfert au service de gynécologie à la Rabta où il n’y avait pas de service de radiologie. On voulait le priver de ses contacts avec le personnel soignant et les collègues médecins.
En 2009, Ben Jaâfar présente une candidature symbolique aux présidentielles face au dictateur, qui était acceptée à l’unanimité par le bureau du parti. Il s’agissait de profiter des élections pour élargir la notoriété du parti et mettre le pouvoir face à ses contradictions.
Les évènements du bassin minier de Gafsa de 2008 ont été le premier avertissement sérieux contre le régime. Le courage des populations du bassin minier a contribué à affaiblir le pouvoir et à dérégler la machine sécuritaire. La généralisation de la corruption a ainsi déclenché l’essentiel de cette révolte. Le gouvernement a réagi en isolant totalement la région, qui était mise en état de siège et quadrillée par la police et l’armée. La répression a été inédite : enlèvements, tortures, tirs à balles réelles se soldant par 4 morts. Ces évènements sont bel et bien le prélude à la révolution du 14 janvier 2011.
Après la révolution, Ben Jaâfar a refusé d’être ministre de la santé dans le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, envahi par des Rcédistes. L’information est vite sortie dans les médias avant qu’il ne donne sa réponse. Il a ensuite contribué à la création du Conseil national pour la sauvegarde de la Révolution. Il a fait confiance au gouvernement Essebsi, au vu de son expérience et de son ouverture politique. Après la victoire d’Ennahdha aux législatives de 2011, on lui a reproché de s’allier avec le diable (les islamistes). Il s’en défend : « Au cours de la période électorale, j’ai rejeté l’idée d’une alliance avec Ennahdha…Malgré cela, nous avons toujours refusé de diaboliser les islamistes d’Ennahdha. Déjà dans les années 1980-1990, nous défendions leurs libertés et condamnions la répression dont ils étaient victimes. L’idée d’un gouvernement d’intérêt national, nous l’avons réclamé bien avant les élections. Nous étions persuadés que le pays ne pouvait retrouver sa sérénité qu’avec un gouvernement légitimé par les urnes, rassemblant l’essentiel des partis de la Résistance, dont Ennahdha ». Il s’agissait en quelque sorte d’éviter la bipolarisation, de convaincre les autres partis qu’il était essentiel de gouverner ensemble et d’éviter qu’Ennahdha soit isolée en gouvernant seule, avec les risques que cela comporte. Hamma Hammami et Néjib Chebbi, qui étaient au Mouvement du 18 octobre, ont refusé de se joindre à la troïka.
A l’intérieur de la troïka, il y a eu partage des rôles entre les alliés pour la présidence des institutions principales. Ben Jaâfar a accepté d’être le président de l’ANC, au moment où Moncef Marzouki voulait la présidence de la République à tout prix. Ben Jaâfar s’est rendu compte par la suite que cette fonction convenait à une personne calme, sereine et patiente, comme lui. Mais, il a reconnu que la présidence de l’ANC n’a pas été de tout repos pour trois raisons : d’abord la très grande majorité des membres de l’ANC n’avait aucune expérience parlementaire, ni de passé militant ; il y avait ensuite une grande diversité des origines sociales et régionales, des professions libérales aux ouvriers ; enfin, au niveau comportemental, il faisait face à une stratégie frontale de l’opposition, menée par certains députés. Au début, face à certaines dérives d’Ennahdha, il confie qu’il était décidé à démissionner de la présidence de l’ANC si Ennahdha avait imposé la chariâ, évoquée avec force à un certain moment. Dans son livre, il n’insiste curieusement pas beaucoup sur le Dialogue national, préférant insister sur la « Commission des consensus », et pour cause, il la présidait, et qui, d’après lui, a sauvé la Constitution finale. On lui a reproché la « Constitution du 1er juin », approuvée pourtant par la Commission de Venise, qu’on a appelé la « Constitution Ben Jaâfar », mais il considère que ce n’était qu’un des multiples projets, proposés aux discussions et prêts à être amendé. Le projet de Constitution du 1er juin est devenu un « véritable mythe » d’après lui. On a voulu faire croire à l’opinion que le texte était définitif, que c’était « la Constitution de la troïka », de telle sorte que la Constitution finale apparaisse comme étant celle de l’opposition. La suspension des travaux de l’ANC à la suite du sit-in d’Errahil de l’opposition au Bardo, mettant en colère Ennahdha, est également à mettre à son crédit. La suspension a favorisé le processus du Dialogue national pour sortir de la crise.
Le plus beau moment de la carrière de Ben Jaâfar est, avoue-t-il, l’adoption de la Constitution de 2014. « C’est le 26 janvier 1978, jour de la sanglante répression des manifestations populaires par Ben Ali, que j’ai pris conscience à 38 ans qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible. Syndicaliste et activiste politique, je m’engageais résolument dans la résistance démocratique à la dictature à travers l’UGTT, la LTDH et le MDS. Le 26 janvier 2014, 46 ans plus tard, jour pour jour, j’ai pu réaliser mon rêve d’offrir à la Tunisie une constitution vraiment démocratique. Et juste avant le vote final, j’ai revu les visages de Ahmed Mestiri, de mes camarades de la résistance démocratique et de tous les martyrs tombés pour la liberté et la dignité du peuple… Les différends et les querelles semblaient temporairement envolés… J’avais du mal à retenir mes larmes durant cette suspension vibrante du temps… Le peuple tunisien s’appropriait sa Constitution, qui lui avait été spoliée par plus de cinquante ans de dictature. Cet instant précieux a sans doute été le plus fort de toute ma vie d’homme politique ».
Ce livre-témoignage est un panorama intéressant des moments clés de la vie politique contemporaine tunisienne, de l’avant comme de l’après révolution, et aussi utile pour éclairer une opinion parfois déboussolée. Un témoignage vu par un bourguibiste déçu par la monopolisation du pouvoir au PSD, qui est entré dans l’opposition au MDS, un parti incarnant la société civile à l’époque, puis encore déçu par ce même parti récupéré par le pouvoir, a finalement crée son propre parti Ettakatol. Sans oublier que Mustapha Ben Jaâfar a joué un rôle important durant la transition en tant que président de la seule institution incarnant légitimité politique : l’Assemblée Constituante. La démocratie tunisienne, « un si long chemin ». Soixante ans pour y arriver. Certes. Mais, pour l’instant, les risques d’un retour en arrière sont toujours là. Aujourd’hui, le plus important, et le plus difficile aussi, c’est de consolider la démocratie au milieu de toute cette agitation et confusion.