Point de vue. Trump ou le retour au point de départ

 Point de vue. Trump ou le retour au point de départ

(Photo : SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

Le peuple américain a tranché dans ces élections présidentielles disputées. C’est en définitive la personnalité de Trump, aussi rude et grossière soit-elle, et sa forte présence médiatique, qui ont fait pencher la balance chez les Américains.

 

Après une lutte serrée entre les deux candidats républicain et démocrate, du moins jusqu’au sprint final, c’est Donald Trump qui a réussi à remporter les élections présidentielles de 2024 face à la démocrate Kamala Harris, malgré ses dérives, ses vulgarités et ses controverses.

Trump a visiblement utilisé une stratégie gagnante pour remporter l’élection présidentielle de 2024. Sa campagne a su mobiliser efficacement des électeurs masculins, en particulier des jeunes, grâce au soutien de grandes figures médiatiques comme Elon Musk, qui a fait campagne en sa faveur et financé activement ses efforts.

Trump a également réussi à rallier les classes populaires dans des États stratégiques touchés par le déclin industriel et les problèmes économiques, tout en cherchant à attirer les minorités traditionnellement démocrates dans des régions spécifiques.

 

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Il a en effet concentré son discours sur des sujets économiques majeurs, comme l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, et les inquiétudes autour de l’emploi. Dans un contexte de mécontentement économique, il a promis une reprise de l’industrie nationale et une réduction des impôts pour stimuler la croissance et créer des emplois, captant ainsi les électeurs préoccupés par leur sécurité financière.

D’ailleurs, il n’ignore pas que sa réussite économique personnelle plaide auprès de ses fidèles pour son programme économique du pays. Il a également su mobiliser intensivement sa base électorale dans les États clés, notamment grâce à une forte présence sur les réseaux sociaux et des campagnes de communication agressives.

Malgré les nombreuses controverses et défis judiciaires auxquels il a fait face, Trump a su retourner cette adversité en faveur de sa campagne, se présentant comme une figure de résilience face à l’establishment.

 

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Trump a remporté cette élection en obtenant plus de 270 grands électeurs, principalement grâce aux États pivots (swing states) comme la Floride, la Géorgie, le Michigan, l’Ohio, la Pennsylvanie et le Wisconsin. En plus de ces États-clés, il a aussi gagné dans plusieurs États traditionnellement conservateurs, comme le Texas, l’Alabama, et la Caroline du Nord, accumulant ainsi 295 grands électeurs, suffisant pour obtenir la victoire face à Kamala Harris.

Il a visé les indécis, particulièrement sensibles à ses promesses de fermeté sur la sécurité intérieure et la gestion de l’immigration (le mur à la frontière avec le Mexique), deux autres thèmes importants de sa campagne. Ces sujets, prioritaires pour une partie des électeurs, ont donné un avantage à Trump face à Kamala Harris, dont les thèmes étaient plutôt centrés sur des questions de société, comme le droit à l’avortement, la non-discrimination, thèmes visiblement moins impactants en 2024.

 

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Trump est perçu aux États-Unis, en tant que figure populiste, comme quelqu’un qui défie l’establishment et qui parle un langage direct, en rupture avec le discours souvent jugé élitiste des politiciens traditionnels. Cela renforce l’idée qu’il représente le « peuple » contre les élites, même s’il est lui-même un milliardaire.

Il a su maintenir depuis sa dernière défaite face à Biden une base solide de partisans, qu’il a réussi à ne pas dilapider, par son volontarisme, sa présence politique et sa détermination à se venger des démocrates qui l’ont chassé du pouvoir. Un pouvoir qu’« il n’aurait jamais dû quitter », comme il a dit curieusement dans un de ses derniers meetings. Propos qu’un président à vie n’aurait sans doute pas reniés.

Le peuple américain de Trump (puisque le pays est divisé en deux) apprécie notablement sa défiance envers l’establishment. Ce dernier, on le sait, a souvent critiqué les élites politiques, médiatiques et économiques, dénonçant un système qu’il juge corrompu. Ce peuple a toujours pensé que le gouvernement traditionnel ne représente pas véritablement ses intérêts et le pousse à la marginalité.

Beaucoup d’Américains issus des classes ouvrières et moyennes estiment en effet avoir perdu face à la mondialisation et aux accords commerciaux qui ont déplacé des emplois manufacturiers à l’étranger. Trump a su capitaliser sur ce ressentiment en promettant de « ramener les emplois » et en s’opposant aux accords internationaux qu’il qualifie de désavantageux pour les États-Unis.

Il prône une politique ayant pour nom « America First », qui place l’intérêt national au-dessus de tout. Cela résonne fortement chez certains Américains qui voient en lui un défenseur des valeurs américaines, de la culture et de la puissance économique du pays.

En bon conservateur, il critique souvent la montée du « politiquement correct » et ce qu’il appelle la « culture woke », qui, pour certains Américains, limite la liberté d’expression et impose une vision de type progressiste-régressive de la société.

En s’opposant à cette tendance, il attire ceux qui se sentent marginalisés par ces valeurs prétendument « progressistes » des grandes institutions culturelles et médiatiques. Ses attaques régulières contre les grands médias, qu’il accuse de diffuser des « fake news », rentrent dans ce cadre. Elles renforcent l’idée, chez certains Américains, que les médias traditionnels manipulent l’information et ne disent pas la vérité sur lui ou sur ses politiques.

 

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Il faut reconnaître qu’en tant qu’homme d’affaires et ancien animateur de télé-réalité, Trump possède un sens aigu de la mise en scène et du spectacle, qui le rend captivant pour une certaine partie de la population. Sa personnalité flamboyante et son langage direct le rendent accessible et le font apparaître comme un « outsider » franc et résolu, ressemblant au peuple moyen. Certains commentateurs ont prétendu qu’il était charismatique.

Est-ce qu’un dirigeant ou homme politique vulgaire peut être considéré comme « charismatique » ? On en doute. Même des monstres comme Hitler et Mussolini ne se comportaient pas vulgairement dans leurs discours démagogiques. On devrait parler plutôt pour Trump d’une forte présence médiatique, favorisée par un discours accusateur, direct, ironique, facile à comprendre pour une intelligence limitée ou naïve, ponctué par des gesticulations spectaculaires.

 

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