Pièces, tickets resto : la dématérialisation des paiements affecte les ressources des sans-abris
La dématérialisation des paiements a été fortement accentuée par la pandémie de COVID-19. Elle touche de manière significative les personnes sans domicile fixe, qui voient leurs ressources se réduire, aggravant leur précarité déjà existante.
La disparition des « tickets-resto » papier pèse directement sur les sans-abris en France. Le législateur a en effet mis fin en octobre aux versions papier de ces coupons de repas subventionnés largement utilisés en France.
Les sans-abris subissent ainsi un deuxième contrecoup après la nette baisse des paiements en liquide en France ces dernières années. La dématérialisation des modes de paiement affecte leur capacité à recevoir de l’argent directement des passants. Les personnes qui souhaitent donner de l’argent n’ont ainsi souvent plus de monnaie sur elles, ce qui limite leurs dons. Le phénomène rend l’excuse classique « Désolé, je n’ai pas de monnaie » de plus en plus réelle.
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Au lieu de donner de la monnaie, certaines personnes proposent d’acheter des biens matériels, comme des sandwiches. « Ce qui en soi est sympa », estime Guillemette Soucachet, coordinatrice du programme Pas de santé sans toit, à Médecins du Monde (MDM). « Mais, nous à MDM, on défend l’idée que l’argent permet une forme de liberté » et doit permettre à la personne d’acheter ce qu’elle souhaite, ajoute-t-elle.
Dématérialisation des dons
Pour faire face à cette dématérialisation, plusieurs initiatives ont été lancées pour trouver des alternatives. Par exemple, un système de dons d’argent via un QR code a été testé à Lyon. Les passants pouvaient scanner un QR code affiché à côté d’une personne sans-abri et faire un don via leur smartphone. Cette initiative a été jugée efficace, avec un don moyen plus élevé que d’habitude, car les gens sont plus enclins à donner lorsqu’ils utilisent leur smartphone.
Une start-up du nom d’Obole souhaite tester un système de cartes avec QR code à Paris cet hiver. Cependant, ces initiatives suscitent des réserves, car de nombreuses personnes sans-abri n’ont pas de smartphones ni de comptes bancaires et ne vivent que de la mendicité. De plus, les donateurs peuvent également se méfier que leurs données personnelles soient compromises lorsqu’ils donnent numériquement.