Phosphate en Algérie : la Chine relance un projet de 7 milliards de dollars
Deux groupes publics algériens et deux compagnies chinoises s’allient pour exploiter du phosphate en Algérie. Les parties ont signé cette semaine un accord pour la création d’une société d’exploitation minière. Un mégaprojet d’une valeur de près de sept milliards de dollars qui avait précédemment fait l’objet d’un accord algéro-chinois en novembre 2018.
Le « pacte d’actionnaires pour la création d’une société algéro-chinoise pour le Projet Phosphates Intégré (PPI) » a été signé à Alger, a indiqué le groupe Sonatrach dans un communiqué. Il s’agit un montant record pour un investissement en Afrique du Nord. En mettant 7 milliards de dollars sur la table, les partenaires entendent mener à bien le mégaprojet d’exploitation et de transformation du phosphate dans l’est de l’Algérie.
Deux entreprises algériennes y participent. Asmidal, filiale du géant pétrolier public Sonatrach, et la compagnie algérienne d’exploitation des mines Manal. Elles s’associent aux sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an. La répartition du capital de la nouvelle société dénommée Algerian Chinese Fertilizers Company (ACFC) sera de « 56 % d’actions pout la partie algérienne et 44 % pour la partie chinoise », précise le communiqué.
Matière première stratégique
Avec « un investissement d’environ sept milliards de dollars, le PPI est le premier projet intégré en Algérie dans le domaine de l’exploitation minière et la production d’engrais », a ajouté Sonatrach. Les investisseurs espèrent ainsi profiter de la hausse des cours du phosphate et de ses dérivés. Le cours de cette matière première essentielle à l’agriculture mondiale a en effet retrouvé ses niveaux du début des années 2010.
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Le Maroc voisin est d’ailleurs un producteur historique de phosphate et fournit à lui seul 20 % du marché mondial. À l’opposé, en Tunisie, où le secteur a longtemps alimenté les caisses de l’État, l’exploitation peine à retrouver ses niveaux d’avant 2011 en raison d’incessants mouvements sociaux.
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Le projet algéro-chinois prévoit par ailleurs le développement et l’exploitation du gisement de phosphates de Bled El-Hadba dans la région de Tébessa (630 km à l’est d’Alger). Il inclut également la transformation chimique des phosphates et la fabrication des engrais dans deux autres localités. L’accord prévoit aussi des installations portuaires dédiées au port de Annaba.
Près de 30 000 emplois à terme
« Après l’achèvement du projet, la société produira à terme 5,4 millions de tonnes d’engrais par an. Le projet induira un essor socio-économique considérable dans la région Est du Pays. Notamment par la création d’environ 12 000 emplois en phase de construction. Et, à terme, en phase d’exploitation, environ 6 000 emplois directs et 24 000 emplois indirects », a souligné Sonatrach.
Un premier accord sur ce projet avait été signé en novembre 2018 entre Sonatrach et la société chinoise Citic. Cette dernière devait initialement en détenir 49 % contre 51 % pour la partie algérienne.