« Peu de chances » pour un reconfinement général en Tunisie
Au moment où la situation épidémiologique se dégrade à vitesse grand V en Tunisie, les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux et ailleurs à propos d’un confinement imminent du pays. Sans vérification à la source ni recoupement de l’info, la plupart de ces rumeurs demeurent cependant infondées.
Eminent membre du comité scientifique pour la lutte contre le Coronavirus, Hechmi Louzir a pourtant insisté ce weekend sur le fait qu’« aucune décision n’a été prise jusqu’à présent concernant le reconfinement général du pays », réfutant les informations ayant récemment circulé sur l’éventualité d’un confinement général de 4 jours à partir du 14 janvier 2021, date qui coïncide avec la célébration de la fête de la révolution.
Une théorie qui ne résiste pas à l’épreuve du fact-checking
A l’origine de ladite rumeur, l’impératif sécuritaire. D’aucuns ont ainsi prêté aux autorités l’intention d’utiliser l’argument sanitaire pour tenter de limiter le risque d’émeutes dans la capitale en marge des commémorations du 10ème anniversaire de la révolution ce jeudi 14 janvier. Or, certes il existe des appels à manifester qui laissent penser que ces commémorations n’auront rien de festif en cette année socialement chaude, mais rien dont l’ampleur serait de nature à déstabiliser l’actuel gouvernement.
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C’est aussi mal connaître la philosophie inhérente aux confinements sanitaires qui sont rarement, voire jamais, l’affaire de quelques jours. S’agissant en effet de remplir l’objectif principal de la diminution de la pression sur les établissements sanitaires, il faut au minimum plusieurs semaines.
Louzir a par conséquent dénoncé samedi les intox relayées autour d’une réunion tenue au ministère de la Santé dont l’objet serait l’examen d’un reconfinement général du pays, précisant que cette question n’y a guère été abordée. « Toutes les réunions tenues durant la période écoulée étaient plutôt consacrées à l’élaboration d’une stratégie nationale de vaccination anti-Covid 19 en Tunisie », a-t-il indiqué.
En revanche, le même membre du comité scientifique avait déclaré le 7 janvier courant que le « reconfinement général n’est pas une ligne rouge dans l’absolu et qu’il pourrait être décrété si la situation sanitaire l’impose ». Une déclaration qui fut montée en épingle et surinterprétée.
La présidence de la République favorable à un reconfinement régional ciblé
Vendredi 8 janvier, le président de la République Kais Saïed avait appelé à un confinement limité aux zones et régions à forte propagation du Coronavirus, s’inspirant en cela du modèle appliqué dans certains pays en proie à une recrudescence similaire du virus.
Le chef de l’Etat s’exprimait lors d’une réunion tenue au palais de Carthage avec le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, et des membres du Comité scientifique en charge de la lutte contre la pandémie Covid-19. Une réunion en partie à caractère politique, au moment où la cohabitation avec la Kasbah bat son plein et où les deux têtes de l’exécutif tentent de faire main basse sur le volet décisionnel y compris en matière de santé.
Déplorant « la nonchalance ancrée dans nos cultures », Saïed a évoqué l’importance d’une action plus concertée qui appliquerait de façon plus stricte l’avis des experts, ainsi que la nécessité d’accélérer les délais d’importation des vaccins « sans exclure aucune des options présentes sur le marché vaccinal ».
Autre option examinée par le Comité scientifique, à l’initiative de Rafik Boujdaria, chef du service des urgences de l’hôpital Abderrahmane Mami à l’Ariana : un confinement ciblé visant spécifiquement les personnes fragiles et / ou âgées. Une proposition qui présente l’inconvénient d’une faisabilité complexe.
Boujdaria met en garde contre la gravité de la situation épidémiologique en Tunisie et une hausse manifeste des contaminations, qui pourrait déboucher si des mesures urgentes ne sont pas prises à 8.000 décès au mois de février 2021.
Le nombre de cas de Coronavirus cumulé depuis le début de la pandémie a ainsi grimpé à 160 mille pour 660 mille tests réalisés, et 5215 décès. Actuellement, 1624 personnes sont hospitalisées, dont 352 en soins intensifs et 127 en réanimation sous respirateurs.