Pénurie de céréales : La Tunisie sollicite l’aide de la Russie

 Pénurie de céréales : La Tunisie sollicite l’aide de la Russie

Nabil Ammar et Sergueï Lavrov, le 27 juillet 2023

Le président de la République Kais Saïed s’est invité le 27 juillet au siège du gouvernement, au Palais de la Kasbah, pour évoquer l’épineuse question de la raréfaction du pain en Tunisie, martelant qu’« il s’agit d’une ligne rouge ». A court de solutions sur le plan national, le pays se tourne désormais vers la Russie. Une volte-face par rapport aux traditions d’importations de produits céréaliers jadis en majorité en provenance d’Ukraine.

Durant la même journée de jeudi, on apprenait ainsi que le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, s’entretenait à Moscou avec son homologue russe Sergueï Lavrov, en marge du Forum économique et humanitaire, qui s’est ouvert hier 27 juillet 2023, en Russie.

Au cours de cette réunion, Nabil Ammar a souligné le besoin pour la Tunisie d’importer des quantités importantes de céréales et d’engrais russes, invitant son homologue à « soutenir les efforts de la Tunisie en la matière afin d’obtenir des prix préférentiels ».

 

Rupture avec la dépendance à l’égard de l’Ukraine et de l’Occident

Pour rappel, deux mois après le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) établissait en 2022 que 49% de l’importation de blé tendre en Tunisie provenait de l’Ukraine, soit près de la moitié des besoins du pays. Viennent ensuite les importations de blé en provenance de Bulgarie (26%), la Russie (10%) à égalité avec la Roumanie (10%), l’Argentine (2%), et d’autres pays (4%).

En 2022, la Tunisie dépendait en revanche déjà de la Russie pour l’importation d’orge à hauteur de 46%, d’Ukraine (17%), de Roumanie (14%), d’Allemagne (5%), de Bulgarie (5%) et d’autres pays (12%).

>> Lire aussi : En Tunisie, une nouvelle pénurie en pain s’installe

A l’occasion de ce meeting les deux ministres tunisien et russe ont passé en revue les opportunités offertes pour renforcer la coopération dans d’autres domaines que l’agroalimentaire, intensifier le rythme des visites de haut niveau et « œuvrer à la tenue au plus vite de la 8ème édition de la commission gouvernementale mixte ».

Les deux parties ont convenu de renforcer la coopération bilatérale afin de « répondre aux aspirations des deux peuples ». La Tunisie participe à la deuxième édition du Sommet Russie-Afrique, qui se déroulera les 27 et 28 juillet, à Saint-Pétersbourg (Russie). Nabil Ammar a été chargé par le président Saïed de présider la délégation tunisienne à ce sommet, placé sous le slogan « Pour la paix, la sécurité et le développement ». D’après les organisateurs, 49 délégations représentant le continent africain prendront part à ce deuxième sommet. Le premier s’était tenu en 2019, à Sotchi en Russie.

Depuis mai 2023, plusieurs canaux non officiels pro Kais Saïed font miroiter la possibilité que la Tunisie intègre les BRICS (une quarantaine d’économies chapeautés par Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), en réaction aux atermoiements du FMI à accorder un prêt à la Tunisie.

Mais s’il n’a pas totalement démenti ce revirement géostratégique, le ministre tunisien des Affaires étrangères a affirmé aujourd’hui vendredi la Tunisie n’a pas soumis de demande officielle d’adhésion aux BRICS : « C’est un sujet qui n’est pas sur la table aujourd’hui à l’ordre du jour, sachant que le processus d’adhésion n’est pas chose aisée, d’autant plus qu’une telle adhésion est soumise à certaines conditions par les pays du BRICS et que la décision reste entre leurs mains », a-t-il tempéré.