Pays-Bas : une affaire d’espionnage de mosquées fait scandale

 Pays-Bas : une affaire d’espionnage de mosquées fait scandale

Plusieurs communes néerlandaises ont recruté une agence privée pour espionner les fidèles des mosquées (illustration)

Plusieurs médias se sont fait l’écho d’une surprenante histoire d’espionnage de mosquées aux Pays-Bas. Le scandale, qui prend désormais de l’ampleur, éclabousse les autorités d’un pays pourtant réputé pour le respect de l’État de droit.

Dans le collimateur, figuraient principalement des membres de la communauté marocaine, révèle le média NRC Handelsblad, l’un des quotidiens de référence des Pays-Bas. Le scandale de l’espionnage des mosquées a été ensuite repris dans plusieurs médias, dont Telquel au Maroc et Le Point en France.

À l’origine de l’affaire, une dizaine de municipalités ont fait appel à une société privée pour espionner leurs mosquées. Nuance door Training & Advies (NTA) devait enquêter sur les communautés musulmanes de ces communes. Des méthodes qui soulèvent évidemment de nombreuses questions dans un pays qui jouit d’une solide réputation en matière de respect des libertés et de l’État de droit.

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Le fondateur de NTA, Najib Tuzani, est l’ancien chef de la police de la ville d’Utrecht. Il travaille désormais étroitement avec les services néerlandais de lutte antiterroriste selon ces médias. Ce sont d’ailleurs ces services de renseignement qui ont mandaté les municipalités en question pour gérer la question de la radicalisation et du retour éventuel des djihadistes néerlandais. L’État a ainsi alloué 7,5 millions d’euros aux municipalités du pays à cette fin.

 

Procédé « indigne d’un État de droit »

C’est dans ce cadre que NTA aurait reçu au moins 50 000 euros pour infiltrer des enquêteurs privés sans des mosquées. Le tout sans mandat et hors de toute enquête officielle. L’argent aurait aussi servi à payer les leaders communautaires pour obtenir des informations, selon NRC Handelsblad.

Moyennant cette somme, NTA proposait alors de réaliser au sein des communautés visées une cartographie des « rapports de forces ». Terme qui désignait selon elle, « une recherche sur les différentes tendances radicales », explique Diaspora Tel Quel. Au total, NTA aurait approché une quarantaine de municipalités. Mais, la plupart ont renoncé à recourir à ces procédés, justement en raison des méthodes douteuses de la société.

Plusieurs partis politiques ont réagi en demandant des explications à la Chambre des représentants. Le choc est aussi perceptible dans les mosquées visées. Cette « affaire suspecte est indigne d’un État de droit et de libertés », s’est indigné Le Conseil des musulmans. L’instance réunit 380 mosquées à travers les Pays-Bas et est l’un des porte-voix de la communauté musulmane aux Pays-Bas.