Pas de saison touristique en Tunisie selon les hôteliers

 Pas de saison touristique en Tunisie selon les hôteliers

A force de vouloir conserver ses bons résultats en matière de propagation de l’épidémie Covid-19, l’exécutif tunisien paierait-il un prix économiquement trop élevé ?

Les autorités tunisiennes font-elles du zèle quant aux nouvelles mesures appliquées aux frontières et aux séjours ? C’est en tout cas ce dont semblent convaincus les professionnels du secteur. Pour la deuxième fois en deux mois, la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH) réitère que la saison touristique 2020 sera tout simplement « inexistante ».

Fin avril dernier, en plein confinement, si le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie ne se faisait déjà pas d’illusions, il s’agissait alors davantage d’une spéculation à titre personnel. Il y évoquait notamment les cas de détresse allant jusqu’au suicide de certains entrepreneurs et artisans. Mais ce qui était alors un avis sous forme de mise en garde donne lieu aujourd’hui à une assertion définitive sous forme de communiqué officiel de la chambre patronale.

« A la lecture des nouvelles mesures d’accès aux frontières annoncées vendredi 12 juin, le Conseil National de la FTH déclare qu’il n’y aura pas de saison touristique cette année. L’imposition d’un test PCR entre autres obligations (conditions de transport et de séjour), à l’inverse des destinations touristiques concurrentes, est une contrainte certaine et dissuasive à l’accès à notre destination, peut-on lire dans ce texte daté du 14 juin. Dès samedi, nous avons enregistré des annulations massives de réservations qui étaient enregistrées pour les mois de juillet et août entrainant ainsi l’annulation de programmations aériennes », regrette la FTH.

 

« Sabordage en règle ! »

« Ainsi et dans les conditions actuelles une grande partie des hôtels demeureront fermés. La FTH comprend les contraintes sanitaires auxquelles la Tunisie fait face et recommande au gouvernement de faire évoluer rapidement ces mesures ou de prendre la décision courageuse de fermer les frontières aux touristes. Ces demi-mesures ne feront pas de la Tunisie une destination touristique cette année ! », tranche le communiqué.

Dans son entretien du dimanche soir 14 juin, interpellé au sujet de la différence de traitement entre touristes étrangers et Tunisiens de retour au pays, contraints au confinement obligatoire, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh avait en effet fermement clarifié : « Chaque touriste est tenu de suivre un circuit précis dès son arrivée, sans jamais quitter le périmètre de l’hôtel pendant toute la durée de son séjour ». Ainsi les touristes ne pourront théoriquement quitter l’hôtel que dans le cadre d’excursions organisées.

« Qu’en est-il de nos amis algériens et libyens ? N’a-t-on pas dit que ce sont eux qui sauveront notre saison ? Aucun d’entre eux ne prends de bus touristique une fois arrivé aux frontières et une bonne majorité loue des maisons et n’habite pas dans les hôtels », rappelle, très critique, l’entrepreneur Mustapha Mezghani.

 

« Tout ça pour ça ! »

L’amertume de la fédération des professionnels du secteur est palpable. En clair, ils accusent les autorités d’avoir sciemment saboté la saison, à force de vouloir contenter l’opinion publique, alors même que l’entité patronale se félicitait, deux jours auparavant, du « succès de l’opération « FTH-Solidarité Blouses Blanches ».

Lancée le 23 Mars 2020, l’opération de grande envergure avait contribué à la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19, en mettant à l’abri de la contamination les familles des équipes médicales et para médicales de premier rang, hébergées gracieusement dans les hôtels participant à l’opération.

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A Hammamet, certains établissements de prestige font contre mauvaise fortune bon cœur, en misant sur le tout local. Pratiquées lors de saisons précédentes pour booster les bénéfices, les formules d’accès, hors séjour, sont d’ores et déjà remaniées avec des prix revus à la baisse.

Destinées surtout aux Tunisiens non-résidents dans les hôtels, elles proposent par exemple dans un 5 étoiles d’accéder aux plages et piscines pour des sommes allant de 100 à 150 dinars par personne, dont la moitié sont déductibles des consommations dans les bars, restaurants, et spas des établissements.

 

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