Sarkozy en campagne
Comme on s’y attendait, la visite de Sarkozy au Maroc a fait couler beaucoup d’encre dans l’hexagone. Pour Le Figaro, le patron des Républicains qui a été accueilli comme un chef d'État par le roi Mohammed VI, « en a profité pour tacler le pouvoir socialiste ».
Pour son troisième déplacement à l'étranger en seulement deux semaines, après Israël et les territoires palestiniens, Nicolas Sarkozy a préféré se rendre au Maroc, pour une visite de deux jours au cours de laquelle, il a été reçu, en plus du souverain, par quatre ministres.
Si de ce côté-ci de la Méditerranée, cet accueil n’a rien d’exceptionnel vu que l’ex-président entretient des relations privilégiées avec le roi du Maroc, « J'allais même le voir du temps où j'étais ministre de l'Intérieur, sans que Jacques Chirac ne le sache », a-t-il confié au Parisien, la visite a beaucoup intrigué les médias et la classe politique française dont certains y ont vu une réponse directe à la visite de Hollande à Alger. Ce que l’intéressé dément indirectement.
Pourquoi alors le Maroc ? « J'avais indiqué au roi que, pour moi, (…) il ne pouvait être question de commencer ma visite du Maghreb pour Les Républicains sans débuter par le Maroc », a déclaré Nicolas Sarkozy en ajoutant que « le Maroc et la France, c'est une histoire essentielle et centrale. (…) Il y a un rêve commun, un attachement ».
Un attachement parasité par une crise d’une année qui a failli définitivement enterrer ce rêve commun. En effet, Rabat et Paris viennent juste d’enterrer la hache d’une guerre des services qui a démarré par une série de dépôts de plaintes téléguidées en France contre le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, qui a gagné du galon depuis, puisqu’il occupe aujourd’hui, le poste de puissant patron de la police et des services de renseignement en même temps.
La page a été tournée grâce à la signature, en début d'année, d'une nouvelle convention judiciaire, en cours d'examen par le Parlement français. Au cours de son bref passage à Casablanca, l’ancien président a pourtant, bien pris soin de ne pas évoquer cette brouille qui a failli ternir durablement les relations de la France avec le Maroc.
Pour sa part, et sans s’attaquer directement à Sarkozy, le Front national a botté en touche pour parasiter la visite de « l’ennemi numéro 1 » dans le royaume. Alors que celui-ci mettait les pieds sur les terres marocaines, le FN s'est inquiété de l'installation d'usines PSA au Maroc : « L'investissement "prometteur" au Maroc ne sera-t-il qu'une nouvelle délocalisation ? On peut le craindre, comme les salariés et sous-traitants français de PSA, groupe qui a déjà supprimé des milliers d'emplois en France ces dernières années » persifle le communiqué de Madame le Pen.
Ce qui ne changera rien à la faconde de Sarkozy qui n’hésite pas à vanter le Maroc sur ses terres et à tirer à boulets rouges sur les maghrébins en France.
Abdellatif El azizi