Trois mois d’emprisonnement pour Salah Hamouri, l’avocat français détenu en Israël
"Ils peuvent lui enlever la liberté, ils ne lui enlèveront pas son sourire ni sa détermination", ses mots forts viennent d'Elsa Lefort, la femme de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien de 32 ans (mère française, père palestinien) emprisonné arbitrairement depuis trois mois en Israël.
Trois jours après avoir obtenu son diplôme d'avocat, Salah Hamouri, avait été arrêté le 23 août 2017 par l'armée israélienne à son domicile de Jérusalem.
Le 18 septembre, il était placé en détention administrative par un tribunal militaire illégal au regard du droit international, pour une durée minimale de six mois, renouvelable indéfiniment.
Les autorités israéliennes lui reprochent officiellement d'avoir repris des activités au sein d'une organisation ennemie, le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), jugée terroriste par Israël. Des accusations fausses selon Hamouri.
"Comme la justice nous refuse l'accès à son dossier, on ne connaît pas en vérité le motif réel de sa détention ", rappelait dans ses colonnes Elsa Lefort. "Depuis très jeune, Salah a milité pour les droits de son peuple. En le mettant en prison, Israël veut le faire taire. Le briser. Aujourd'hui c'est Salah, demain ça sera un autre. Ils veulent le contraindre à quitter sa patrie. Pour eux, un Palestinien de moins, c'est toujours ça de pris. Le but des autorités israéliennes est clair : vider Jérusalem de sa population arabe", précisait celle qui avait été refoulée d'Israël début 2016, alors qu'elle était titulaire d'un visa en bonne et due forme. "J'étais enceinte à cette époque. Israël ne voulait pas que notre fils naisse à Jérusalem", dénonçait Elsa Lefort.
Devant l’absence d’actes nets de la diplomatie française, "à part espérer la libération de Salah et dénoncer la détention administrative, j'ai l'impression qu'il ne se passe pas grand chose", raille Elsa Lefort, un « comité de soutien » qui regroupe des milliers de citoyens et des personnalités françaises et étrangères a été créé. Des élus de tous les « niveaux » en France et en Europe, des collectivités locales, des ONG, des syndicats, des partis ont pris position pour "exiger sa libération immédiate".
Ce n'est pas la première fois que Salah Hamouri a affaire à la justice israélienne. Il a déjà été emprisonné près de sept ans pour un "délit d'intention". Un tribunal militaire l'avait condamné en 2005 le soupçonnant d'avoir voulu assassiner Ovedia Youssef, un rabbin d'extrême droite et d'appartenir au FPLP.
A quelques mois de la fin de sa peine, Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, avait fini par admettre que le dossier d'accusation du jeune Français, 19 ans au moment de son arrestation, était vide. Les proches de Salah Hamouri avaient dénoncé alors "la passivité de l'Etat français à défendre le cas de ce franco-palestinien".
Salah Hamouri est aujourd’hui détenu sous le régime de la détention administrative, sur ordre du ministère de la Défense de l'Etat israélien, sans qu’aucune preuve ne soit fournie pour justifier cette détention.
La fin de la peine de Salah Hamouri a été fixée au 18 mars 2018 mais le juge peut renouveler indéfiniment sa détention.
L'Etat israélien se sert de la détention administrative comme une véritable politique depuis 1948, et y a progressivement eu recours dans tous les territoires palestiniens conquis depuis 1967.
Nadir Dendoune