Quatre Gazaouis tués par l’armée israélienne sur fond de flambée de violences
Quatre jeunes Palestiniens, dont un adolescent, ont été tués et 21 autres blessés vendredi par des tirs israéliens lors de heurts dans la bande de Gaza, dans des secteurs proches de la frontière avec Israël, ont indiqué les services de secours de l'enclave. Un conflit qui prend de l’ampleur ces derniers jours et dans lequel il est de moins en moins rare de croiser des jeunes filles dans les rangs palestiniens.
Premiers morts à Gaza depuis la reprise des violences
Les autres jeunes hommes sont les premiers Palestiniens à être tués dans des heurts dans la bande de Gaza depuis l'escalade des violences entre Palestiniens et Israéliens le 1er octobre. Mohammed al-Raqab, 15 ans, a été tué lorsque les soldats israéliens de l'autre côté de la barrière enfermant le territoire ont répliqué à des jets de pierres de jeunes Palestiniens, à l'est de la ville de Khan Younès (sud). Ahmed al-Hirbaoui, Chadi Daoula et Abed al-Wahidi, tous trois âgés de 20 ans, ont été tués lors de heurts similaires à l'est de la ville de Gaza. Vingt-et-un autres Gazaouis ont été blessés, dont plusieurs grièvement, dans ces heurts.
« Environ 200 Palestiniens se sont approchés de la barrière de sécurité, jetant des pierres et des pneus enflammés sur la barrière et les forces de sécurité israéliennes. Les forces sur place ont répliqué en tirant sur les principaux instigateurs pour les empêcher d'avancer et disperser l'émeute », a indiqué une porte-parole de l'armée israélienne, ajoutant que les heurts étaient toujours en cours.
Vers une 3e intifada ?
La Cisjordanie, Jérusalem et Israël sont en proie à des violences quotidiennes depuis début octobre. Trois jeunes Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées lors de heurts avec des soldats. En outre, depuis le 3 octobre, onze attaques à l'arme blanche, principalement de la part de jeunes Palestiniens, ont fait deux morts et treize blessés israéliens ou juifs. Cinq des assaillants présumés ont été tués.
La bande de Gaza et le mouvement islamiste Hamas qui la contrôle sont jusqu'à présent restés largement à l'écart de ces violences. Le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a estimé vendredi que les dernières violences étaient une nouvelle intifada, après les soulèvements palestiniens de 1987 et 2000. « Nous appelons à renforcer et accentuer l'intifada (…) Gaza remplira son rôle dans l'intifada de Jérusalem et elle est plus que prête à l'affrontement », a-t-il dit.
Les filles en première ligne
« La patrie n'appartient pas qu'aux garçons ! » Le visage couvert du keffieh, les filles palestiniennes ont décidé de se mêler aux garçons pour défier et harceler les soldats israéliens en Cisjordanie occupée. « On constitue la moitié de la société, on a aussi le droit de défendre notre pays », lance une étudiante, dont seuls les yeux maquillés dépassent du foulard à carreaux noirs et blancs, au milieu de heurts avec les militaires à un check-point à la sortie de Ramallah. « On a 18 ans, on est majeures, on n'a plus peur maintenant », lance-t-elle, se refusant à donner son nom ou à se faire photographier.
« Si mes parents savaient que je suis là… », renchérit une autre, dont les longs cheveux dépassent du keffieh qui masque son visage, en passant son pouce sous son cou, mimant le geste d'un égorgement. Même si sa famille n'approuve pas, pour elle, c'est « une question de conscience : si tout le monde a peur, personne ne va se sacrifier pour la patrie ».
Absentes aux premiers jours des violences, de plus en plus de filles, pierres ou même cocktails Molotov à la main, se joignent aux garçons dans leur « lutte » contre l'occupation israélienne dans les villes de la Cisjordanie. D'autres filles sont allées plus loin encore. L'une d'elles est aujourd'hui entre la vie et la mort après avoir tenté de poignarder un juif dans la Vieille ville de Jérusalem avant que l'homme ne lui tire dessus.
Rached Cherif