Palestine. Profession : réfugié

 Palestine. Profession : réfugié

Des tentes pour les Palestiniens sont installées sur le terrain d’un centre de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 octobre 2023. MAHMUD HAMS / AFP

Quel est l’objectif de frappes aériennes israéliennes qui ont tué jusqu’à présent plus de 5 000 personnes à Gaza depuis le début de la guerre, et selon les derniers chiffres détruit au moins 50 % des bâtiments et autres maisons situées dans la bande de Gaza ? Oui, bien sûr « Israël a le droit de se défendre », ce mantra répété à l’envi devrait suffire à excuser la barbarie de la réponse !

 

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Même si des bombes supposées aveugles semblent cibler spécialement et privilégier les enfants palestiniens qui payent le plus lourd tribut à cette guerre sans merci, il est clair que l’objectif de l’armée israélienne qui bombarde les hôpitaux, les canalisations d’eau, les installations électriques et même les boulangeries est d’ajouter des flammes à l’enfer de Gaza, de faire en sorte que plus aucune possibilité de vie ne soit possible dans l’enclave palestinienne que même les chiens ont désertée.

 

Le cynisme poussé à l’extrême consiste à demander aux Palestiniens de quitter leur domicile pour les tirer comme des lapins, une fois entassés dans des camions d’un autre âge. Sous prétexte d’éliminer « les terroristes » du Hamas, chaque maison, chaque quartier, chaque édifice est rasé, bombardé, ciblé plusieurs fois, chaque personne circulant dans l’espace gazaoui étant un potentiel « djihadiste ».

 

Quel est l’objectif final des Israéliens ? De ne laisser le choix aux Palestiniens qu’entre deux options : la mort ou l’exil. Comme les Bosniaques avant eux, les Rohingya, hier, ou encore les Ouïgours et les musulmans de l’Inde, aujourd’hui.

 

Selon la définition d’usage, « une personne réfugiée est une personne qui, dans son pays d’origine, craint d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe ou de ses opinions politiques ». Une définition qui colle parfaitement à ces damnés de la terre dont le seul point commun est d’appartenir aux nouveaux pestiférés du monde occidental : les musulmans.

 

Selon l’agence des Nations unies, ils sont déjà six millions de Palestiniens (ou leurs descendants) à  avoir été déplacés lors de conflits antérieurs avec Israël. Il y a juste un petit couac, les Palestiniens ne veulent pas, ne veulent plus quitter Gaza. Tous ceux qu’on a pu toucher directement ou indirectement le confirment : « Pas question de partir, autant mourir chez nous ! Accepter d’être à nouveau refugiés, c’est prendre le risque de perdre le petit lopin de cette terre sacrée. Se résigner à fuir, c’est courir le risque d’être déçu par l’accueil des frères, arabes et autres pays musulmans où il ne fait pas bon aussi d’être Palestinien. Prendre son baluchon, c’est se transformer en SDF à vie dans des camps que l’humanité a déserté, dans des conditions tout à fait dévastatrices et inhumaines ».

 

Une fois n’est pas coutume, des dirigeants arabes comme le roi de Jordanie et le président égyptien ont dit niet aux pressions des Occidentaux qui leur ont demandé de permettre aux habitants de Gaza de s’installer en toute sécurité sur leur territoire.

 

Jabrane Ahmed, activiste dans une ONG de défense des droits de l’homme, rappelle qu’aucun membre de sa famille n’a voulu quitter Gaza. « Ici personne ne veut revivre le drame de 1948 quand des villages entiers ont été désertés avec l’espoir de retour alors que les personnes déplacées sont mortes pour la plupart dans d’autres pays limitrophes dans la misère et l’exclusion », explique un jeune qui vit de petits boulots avec une intermittence qui aurait découragé les plus courageux. Les conditions de vie décrites sont tout bonnement incroyables: des hôpitaux à l’arrêt, pas d’eau ni d’électricité, plus de médicaments, plus de pain, plus de nourriture etc.

 

Malgré cela, les Palestiniens sont décidés à rester en attendant la fin du déluge de feu, même si la tempête semble s’éterniser. Le célèbre journaliste palestinien Abdelbari Atwane, qui a perdu un grand nombre de membres de sa famille dans ce nouveau conflit, confirme cet état d’esprit commun à tous les Palestiniens de Gaza: « Non seulement les Gazaouis s’opposent à un quelconque déplacement que ce soit hors de Gaza, ou même d’un quartier de Gaza vers un autre, mais leur détermination à résister aux frappes de l’occupant est d’autant plus remarquable qu’on ne comprend pas d’où ils puisent ce moral en acier ».

 

Peut-être que chaque Palestinien porte en lui un peu de Mahmoud Darwich, lui qui disait:

« Un jour, je serai ce que je veux. 

Un jour, je serai oiseau et, de mon néant, 

Je puiserai mon existence. 

Chaque fois que mes ailes se consument, 

Je me rapproche de la vérité et je renais des cendres. 

Je suis le dialogue des rêveurs ».

 

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