Palestine : Les colons transforment la récolte des oliviers en cauchemar
Comme dans de nombreux pays méditerranéens, la récolte des oliviers a débuté en Palestine. Mais, cette année encore, cette saison autrefois joyeuse est marquée par les exactions des colons et des soldats israéliens. Pour les milliers d’agriculteurs qui dépendent de cette culture, l’avenir est de plus en plus sombre.
Cette année, en Palestine, la saison de la récolte des oliviers, qui s’étend d’octobre à novembre, s’annonce comme un « cauchemar », écrit le chroniqueur Gideon Levy dans le quotidien israélien Ha’Aretz. Ces derniers jours, des colons israéliens ont « détruit » plusieurs récoltes et « vandalisé » de nombreux oliviers dans les Territoires palestiniens. Non seulement, les colons israéliens volent et détruisent les récoltes, mais, ils s’en prennent physiquement aux propriétaires palestiniens souligne le journal souligne Al-Quds Al-Arabi. Plus d’une soixantaine d’attaques ont été recensées depuis le début de la saison.
Les médias palestiniens relaient aussi quasi quotidiennement les exactions contre les oliveraies et les agriculteurs palestiniens. En deux semaines, plus de 1 600 arbres ont été vandalisés, selon les chiffres du bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA).
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Des paysans sans accès à leurs terres
Dans beaucoup de cas, les cultivateurs sont simplement empêchés d’accéder à leurs terres. Notamment depuis la construction du mur de séparation, qui a de facto confisqué d’importantes surfaces de terres agricoles.
La seule solution est d’obtenir un permis auprès des Israéliens. Or, ceux-ci ne les délivrent plus qu’au compte-gouttes, rarement à plus d’une personne par famille. 73 % des demandes sont ainsi refusées par l’armée israélienne selon un rapport publié mardi 26 octobre par l’organisation HaMoked.
Certaines oliveraies se trouvent dans des zones désignées comme stratégiques par l’armée israélienne. Il faut des permis spéciaux pour y accéder, dont le nombre s’amenuise d’année en année, suivant des règles parfois absurdes. L’administration refuse par exemple de donner un permis aux membres jeunes d’une famille. Il n’y a alors pas assez de bras pour travailler la terre et récolter les fruits. Autant de pertes sèches pour des familles qui dépendent en grande partie de cette culture.
Un héritage menacé
En s’attaquant à la culture des oliviers, les Israéliens savent qu’ils touchent à un héritage millénaire de la Palestine. La saison de la récolte des olives rythme en effet la vie de la région depuis des générations. Depuis le début de l’occupation israélienne de la Cisjordanie en 1967, la saison de la récolte annuelle est ainsi devenue symbole de la lutte autour de la terre.
Près de la moitié des terres arables de Cisjordanie et de Gaza sont plantées d’environ 10 millions d’oliviers. Entre 80 000 et 100 000 foyers (20 % de la population palestinienne) vivent au moins en partie de la récolte.