Palestine : le Secrétaire général de l’OLP Saëb Erekat est mort du Covid-19
Saëb Erekat, le Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) est décédé ce mardi du coronavirus à l’âge de 65 ans, a annoncé la présidence palestinienne. Atteint de fibrose pulmonaire et greffé du poumon, il est décédé à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, où il avait été admis le 18 octobre. Depuis 1995, il était partie prenante de toutes les négociations avec Israël.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a « pleuré » mardi la mort de son « ami » Saëb Erekat, qualifiant son décès de « perte immense » pour les Palestiniens.
« Le départ d’un frère et d’un ami, du grand combattant, le Dr Saëb Erekat, est une grande perte pour la Palestine et pour notre peuple, et nous en sommes profondément attristés », a déclaré dans un communiqué Mahmoud Abbas, peu après l’annonce de la mort de ce haut responsable des suites du Covid-19.
Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) depuis 2015, soit numéro deux dans l’organigramme, Saëb Erekat faisait partie de ces Palestiniens qui ont cru en la négociation plutôt qu’en la lutte armée.
Cet universitaire, qui s’exprimait dans un anglais volontiers teinté d’humour et de formules marquantes, a fait partie de toutes les équipes de négociateurs avec Israël depuis 1991, à l’exception notable de celle qui discuta secrètement des accords d’Oslo en 1993.
Nommé en 2003 chef de l’équipe de négociations de l’OLP, il avait démissionné de ce poste brièvement en 2011, en raison de la divulgation de centaines d’archives sur les discussions avec Israël de 1999 à 2010 – les « Palestine Papers » – diffusées par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera.
Ces documents montraient les émissaires palestiniens, notamment Saëb Erekat, prêts à des concessions importantes sans contreparties apparentes d’Israël, sur des sujets aussi cruciaux que le statut de Jérusalem ou les réfugiés palestiniens.
Les responsables palestiniens étaient parvenus à contenir le scandale, mais Erekat s’était retrouvé fragilisé par des informations selon lesquelles le principal responsable présumé des fuites travaillait dans son service.
Ce vieux routier de la diplomatie a toutefois repris sa place de négociateur et a dirigé les tractations côté palestinien lors de la dernière tentative de paix américaine, lancée sous la présidence Obama et avortée en 2014.
Depuis, il assistait impuissant, sous l’effet des intérêts contraires, des mauvaises volontés, des violences ou de la colonisation, à la déconfiture du rêve d’un État palestinien indépendant pour lequel il se battait.
L’homme aux éternelles lunettes rectangulaires sans monture avait multiplié ces derniers mois les déclarations contre le projet israélien d’annexion de la Cisjordanie occupée et, ces dernières semaines, contre la normalisation des relations entre Israël et des pays du Golfe, conclue sans paix préalable entre les Palestiniens et l’État hébreu.
Né à Jérusalem en 1955, sept ans après la création d’Israël, il fut un proche de Yasser Arafat, leader historique du mouvement national palestinien, même s’il ne l’a pas suivi dans ses exils successifs.
Il est ensuite devenu un proche de Mahmoud Abbas, qui a succédé à Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne, gravitant dans son cercle restreint et passant pour l’un de ses successeurs potentiels.
Le haut responsable, toujours en costume cravate, était un interlocuteur incontournable des émissaires étrangers.
Marié et père de quatre enfants, il vivait à Jéricho, dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée.
Auteur d’une dizaine de livres sur la diplomatie et la résolution de conflits, il a contribué à un ouvrage sorti en mai 2020 sur les effets de la pandémie du coronavirus sur la société palestinienne.