Palestine. Le mur de l’Institut français de Tunis au centre d’une controverse
Le 16 octobre dernier, trois jeunes tunisiens avaient été arrêtés dans l’après-midi du même jour pour avoir couvert de tags pro-Palestine le mur de l’Institut français de Tunis (IFT), avenue de Paris. Depuis, la spirale des représailles est engagée, avec en toile de fond la position française dans l’actuel conflit à Gaza.
Ironie du sort, les trois jeunes avaient été conduits au poste de police de la rue Charles de Gaulle, non loin de là. Le drapeau palestinien avait été tagué pour rappel une première fois sur le mur de l’IFT, mais le mur a été repeint dès le lendemain.
Cette forme de contestation pacifique de la jeunesse tunisienne via les graffiti est dirigée « à l’encontre du soutien inconditionnel du gouvernement français à Israël dans son offensive contre Gaza », ont tenu à préciser les organisateurs d’une projection nocturne improvisée de films et documentaires autour de la question palestinienne sur le même mur de l’Institut français de Tunis (IFT), un mini évènement bon enfant qui a spontanément réussi à drainer des foules de jeunes et moins jeunes curieux.
Baptisées « Les Journées du cinéma de Résistance », l’initiative s’est autoproclamée comme étant une alternative à la brusque annulation des Journées cinématographiques de Carthage à une semaine de leur tenue par le ministère de la Culture, l’autorité de tutelle ayant estimé que la seule forme de deuil vis-à-vis des évènements à Gaza passait par l’impératif du report ou l’annulation de toute manifestation culturelle.
Proposition polémique de l’IFT
Mais l’équipe de l’Institut français de Tunis, organe relevant de l’ambassade française, s’est aujourd’hui mercredi invité dans le débat autour de ce que certains internautes facétieux appellent désormais « le mur des lamentations ».
Sur sa page officielle, l’IFT a ainsi posté à la mi-journée cette proposition jugée ambiguë : « Ce mur qui suscite beaucoup d’intérêt vous invite à un projet collectif de fresque murale. Veuillez nous envoyer vos propositions à [email protected] en incluant un court descriptif de votre projet et une esquisse approximative (dimensions du mur : 62 m x 2.20 m) ».
Sans vouloir verser dans le procès d’intention aux auteurs de cette initiative, il semble qu’ils aient cru bien faire, en tentant de pratiquer une communication de crise qui désamorcerait le malaise en s’érigeant en force de proposition destinée aux talents locaux, et non de répression.
Sauf que la formulation choisie ne passe pas auprès de milliers de commentateurs pour qui il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres, dans le contexte volatile hautement inflammable du moment, où chaque maladresse peut virer à la polémique. « C’est clairement une provocation ! », réagissent en effet plusieurs internautes, « nous écrirons ce que nous voulons chez nous ! », renchérit-on, tandis que l’un d’entre eux écrit « c’est votre conscience qui suscite notre intérêt », et que les plus irrévérencieux proposent d’y « créer un urinoir public ».
Quoi qu’il en soit, l’initiative est contre-productive et pourrait être retirée dans les heures qui suivent, à en croire une source diplomatique proche de l’institut.