L’ONU va dresser une liste noire des entreprises opérant dans les colonies

 L’ONU va dresser une liste noire des entreprises opérant dans les colonies

Les représentants de plusieurs pays au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ont critiqué les violences policières déployées lors des manifestations en France. © AFP


Le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies a décidé jeudi 24 mars de dresser une liste des entreprises opérant dans les territoires occupés par Israël. Une mesure visant à sanctionner la poursuite de la colonisation et les annexions de territoires palestiniens, illégales au regard du droit international.


 


Énièmes résolutions contre la colonisation de la Palestine


L’organe des Nations unies a adopté quatre résolutions relatives à l’occupation par Israël des territoires palestiniens, à la colonisation israélienne, au droit des Palestiniens à l’autodétermination et au respect du droit international dans ces territoires. L’une d’elles « exige qu’Israël, puissance occupante, cesse immédiatement toute activité de colonisation dans tous les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé ».


Elle demande également à la communauté internationale de « veiller à ne rien faire qui revienne à reconnaître ou à soutenir l’expansion des colonies ». En conséquence, le Conseil demande au Haut-Commissaire pour les droits de l’homme de l’ONU de « produire une base de données de toutes les entreprises » opérant dans les colonies. Cette liste serait mise à jour chaque année.


Ibrahim Khreisheh, envoyé palestinien auprès du Conseil, a salué l’adoption de cette résolution, soulignant qu’« Israël continue à violer de manière systématique les droits inaliénables des Palestiniens et à bénéficier de l’impunité de la part de la communauté internationale ».


 


Bras de fer entre le CDH de l’ONU et Tel-Aviv


Cette série de résolutions fait suite à une série de prises de positions du Conseil contre la politique de colonisation menée par Israël, au point où Tel-Aviv ne s’embarrasse même plus du langage diplomatique pour réagir aux décisions du CDH. L’ONU a même nommé un nouvel expert juridique sur la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, le Canadien Stanley Michael, le précédent ayant présenté sa démission parce que jamais autorisé à pénétrer dans les territoires palestiniens, tout comme son prédécesseur.


Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a rapidement réagi en accusant le Conseil d’être « devenu un cirque anti-israélien ». Le porte-parole des affaires étrangères Emmanuel Nahshon a même twitté : le Conseil a « un besoin urgent de se faire soigner mentalement ».


Face à « une intensification de la colonisation », c’est aussi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a demandé à Israël de revenir sur sa décision de confisquer des hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée. Cette annexion de 234 ha est la plus importante prise de possession de terres depuis des années dans la stratégique vallée du Jourdain, selon l’organisation israélienne opposée à la colonisation La Paix maintenant.


 


La menace du boycott prise très au sérieux par Israël


Israël est d’autant plus préoccupé par cette liste du Conseil des droits de l’homme que celle-ci fait écho à la campagne globale de boycott-désinvestissement-sanction (BDS), qui ne cesse de prendre de l’ampleur, au point où elle a été élevée au rand de « menace stratégique », au même titre que le Hamas ou l’Iran.


En début de semaine, le gouvernement palestinien a de son côté annoncé l’interdiction d’entrée sur son territoire des produits de cinq entreprises israéliennes d’agroalimentaire, affirmant agir en réciprocité après une décision similaire de l’État hébreu. Récemment, Israël avait interdit l’entrée des camions de livraison de cinq entreprises palestiniennes d’agroalimentaire à Jérusalem.


Rached Cherif


(Avec AFP)