Le mur de séparation : toujours illégal, mais toujours en construction
Depuis 2002, Israël construit un mur de séparation, dont le nom hébreu signifie littéralement « clôture de sécurité ». Concrètement, il se matérialise par « des plaques de béton de 7 à 9 mètres de hauteur ou par une clôture électrifiée d’à peu près 4,5 mètres de hauteur, accompagnées sur toute sa longueur d’une zone de sécurité de 30 à 100 mètres de largeur, comprenant fils barbelés, fossés anti-véhicules, caméras de sécurité, etc. », rapporte la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.
Condamné par l’Assemblée générale de l’ONU
Le collectif d’associations rappelle que le 9 juillet sera le onzième anniversaire de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) estimant illégale la construction du mur et demandant à Israël de le démanteler et d’indemniser les Palestiniens. Le 20 juillet 2004, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté, par 144 voix contre 4, une résolution exigeant « qu'Israël, puissance occupante, s'acquitte de ses obligations juridiques telles qu'elles sont énoncées dans l'avis consultatif » de la CIJ. L’année suivante, 171 organisations de la société civile palestinienne ont lancé la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis.
En plus d’être illégal, le mur « annexe de facto des zones vitales pour la Palestine, telles que Jérusalem-Est ou les parties occidentales de Bethléem et Hébron. 85 % de son tracé se situe effectivement en Cisjordanie, et le Mur s’enfonce au plus loin sur 22 km en territoire palestinien », pour rattacher notamment les colonies illégales de Cisjordanie, explique la plateforme.
La situation est particulièrement critique à Jérusalem ou le tracé englobe et légitime donc les colonies établies autour de Jérusalem-Est de manière à encercler la ville, qui se retrouve ainsi entièrement du côté israélien de la clôture. Au total, le tracé établi en 2005 annexe de facto 8,5 % du territoire de Cisjordanie et place 27 520 Palestiniens du côté israélien de la séparation.
Annexions de facto
En empiétant sur le territoire de l’État palestinien tel que reconnu par un nombre croissant de pays, le mur de séparation cause également d’importants préjudices aux habitants de Cisjordanie. « 11 500 Palestiniens vivent entre le Mur et la Ligne verte et 150 communautés ont été isolées de leurs terres (…) Sur 81 portes existantes, seules 18 sont ouvertes toute l’année, les passages restants étant accessibles seulement pendant la récolte des olives », souligne le collectif.
À Jérusalem, certains quartiers arabes de l’est sont coupés des infrastructures et services de base auxquels ils ont droit en tant que contribuables à la municipalité. Dans les campagnes, le secteur agricole est sinistré par l’édification du mur sur les terres fertiles et l’isolement de nombreux puits et sources.
Malgré les réactions de la communauté internationale et la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de 2004, la construction se poursuit. 62 % de sa construction est achevée, 10 % est en cours de construction et 28 % de son tracé a été planifié.
Rached Cherif