Palestine. Chronique d’un génocide culturel

 Palestine. Chronique d’un génocide culturel

Crédit Photo : AHMAD GHARABLI / AFP

Tous les yeux sont rivés sur la mosquée Al-Aqsa, la main sur le cœur car jusqu’à présent l’armée Israélienne a pulvérisé pas moins de 54 mosquées alors que 164 autres lieux de culte ont été endommagés par l’agression sauvage contre Gaza. Les frappes israéliennes contre la bande de Gaza ont également détruit 3 églises. 

 

Si le nombre de bombes (toutes interdites par les conventions internationales) lâchées sur les civils palestiniens ont fait jusqu’à présent plus de 27 000 morts et 66 000 blessés, les terribles destructions des bâtiments et autres monuments historiques marquent une nouvelle escalade de la violence à l’encontre du patrimoine culturel palestinien et n’ont qu’une explication : Israël ne veut pas seulement achever ce qui reste de la population palestinienne mais l’Etat hébreu cherche aussi à effacer la mémoire de ce peuple.

Mosquées, musées, vestiges égyptiens, cimetières grecs, monuments ottomans, les satellites israéliens qui usent à satiété de l’intelligence artificielle pour permettre aux snipers israéliens de cibler avec précision les enfants et les femmes qui circulent encore entre les ruines de Gaza, sont les mêmes qui désignent les lieux de mémoire emblématiques de la région aux bombardiers de Tsahal.

Ils ont commencé par la mosquée Al-Omari, la toute première de Gaza, érigée au VII siècle, dont il ne reste qu’un minaret à moitié détruit. Le lieu de culte, édifié sur les restes d’une église byzantine, a été largement, voire quasiment, rasé par un bombardement israélien le 8 décembre 2023.

Par la même occasion, les frappes de « l’armée la plus morale du monde » ont réduit en cendres les rares manuscrits dont certains datent du XIVe siècle, qui étaient préservés dans la bibliothèque de la mosquée.

Les musées ont également connu le même sort, comme celui du Palais du Pacha qui avait été construit à Gaza par le sultan mamelouk Baïbars au XIIIe siècle, et où Napoléon avait séjourné. Même topo pour le centre culturel Rashad-Shawa, qui a été effacé de la surface de la terre.

Quand ils ne bombardent pas les lieux historiques, les Israéliens dynamitent les monuments. Comme ce qu’ils ont fait avec l’Université Al-Israa qui a été rasée à la mi-janvier sans que l’on sache si le musée de l’établissement qui abritait quelque « trois mille rares artefacts qui remontaient aux ères préislamiques, romaine et islamique » a été pillé où simplement détruit, comme s’interroge la direction de l’université dans un communiqué publié sur Facebook.

Comme la plupart des organisations internationales n’ayant pas d’accès à la bande de Gaza, sous les bombardements quotidiens d’Israël depuis plus de quatre mois, l’Unesco est impuissante à préserver quoi que ce soit en Palestine, malgré la mise en place récente d’une surveillance par satellite.

Depuis, d’ailleurs, l’institution n’a pu que constater la destruction de vingt-deux sites majeurs.

Dès octobre 2023, l’Unesco qui avait déclaré le monastère Saint-Hilarion, situé dans le centre de la bande de Gaza, comme « bien culturel sous protection renforcée inscrit sur la Liste internationale », avait bien rappelé qu’il était « interdit de cibler un site historique et culturel ou de l’utiliser à des fins militaires. » 

Mais Israël qui entend anéantir aussi l’identité de Gaza, tout en enterrant six pieds sous terre sa population continue de répéter un narratif repris sans distance par des médias occidentaux ébaubis que « son objectif est d’écraser le Hamas ». Quant à la préservation du patrimoine palestinien et de son histoire, c’est une autre histoire.

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