Abbas gracie l’officier qui avait critiqué sa présence aux obsèques de Shimon Pérès
Après plus de deux semaines de détention, Oussama Mansour Abou Arab, un officier de l'armée palestinienne, qui avait osé critiquer sur sa page Facebook Mahmoud Abbas pour sa présence aux obsèques de Shimon Pérès, a été gracié mercredi 12 octobre par un décret présidentiel.
L'histoire débute le 1er octobre quand Oussama Mansour Abou Arab, publie sur sa page Facebook un message critiquant la présence du président de l'autorité palestinienne, aux obsèques de Shimon Pérès, homme politique israélien, responsable de plusieurs crimes de guerre, décédé le 28 septembre dernier, enterré deux jours plus tard, à Jérusalem.
"C'est une erreur de participer aux obsèques de celui qui a tué les nôtres. Si cette décision vous a été conseillée par d'autres, alors ils vous ont induit en erreur", écrivait-il alors, ajoutant qu'il ne peut y avoir "de liens avec l'occupant aussi longtemps que celui-ci continue sa politique meurtrière envers notre peuple".
Un "écart de langage" qui est très mal passé auprès des autorités palestiniennes. Quelques heures après la publication de son message, les services secrets palestiniens ont débarqué chez lui pour l'arrêter.
L'indignation des internautes palestiniens ne s'est pas fait attendre.Reem Oudeh, activiste sur le Web a exprimé sa frustration. "Il est devenu naturel pour le président palestinien de se débarrasser de ceux qui osent critiquer sa politique".
Le 3 octobre, M. Mansour a totalement changé de discours. Il a présenté ses excuses, rappelant qu'en qualité d'officier, il se devait de "respecter entièrement la loi" et par conséquent qu'il n'avait pas le droit de remettre en cause l'autorité du président. Il a également ajouté qu'il "avait une confiance aveugle envers le leadership de Mahmoud Abbas et qu'il en était même fier".
Après plus de deux semaines de détention, un tribunal militaire palestinien a condamné ce mercredi M. Mansour à une peine d'un an de prison. Il a également été déchu de sa qualité d'officier. Mais quelques heures après, Mahmoud Abbas décidait de le gracier et… de l'envoyer à la retraite !
Pour Hisham Sharaboti, militant et analyste politique, la décision du président palestinien de gracier M. Mansour s'explique par les tensions déjà vives dans la rue palestinienne. "Même au sein du propre camp de Mahmoud Abbas, certains étaient opposés", a-t-il encore expliqué. "Ces tensions se sont exacerbées après l'arrestation de Mansour. Les conseillers du président ont finalement réalisé que pardonner à Mansour permettrait de faire baisser la tension".
Nadir Dendoune