Ouïghours : Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU refuse de tenir un débat

Le Conseil des droits de l’ONU a rejeté le 7 octobre une motion visant à tenir un débat sur les allégations de violations des droits de la personne par la Chine contre les Ouïghours. Grâce notamment aux votes de plusieurs pays africains, Pékin a obtenu la défaite de la motion.

Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne, qui avaient soumis le texte au Conseil des droits de l’ONU (CDH – OHCHR en anglais), ont essuyé un rare camouflet. Les trois puissances occidentales proposaient de débattre sur les accusations de violation systémique des droits des minorités musulmanes dans la province chinoise du Xinjiang.

Ce n’est que la deuxième fois dans l’histoire du Conseil qu’une motion échoue. Cette défaite (19 voix contre, 17 pour, 11 abstentions) « est un désastre. C’est vraiment décevant », a déclaré Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour, dont la mère est morte dans un camp et dont les deux frères ont disparu. « Nous n’abandonnerons jamais, mais nous sommes vraiment déçus par la réaction des pays musulmans », a-t-il ajouté.

Dans le détail, la Chine a reçu le soutien d’alliés tel que le Népal, le Venezuela et l’Ouzbékistan. Mais, également de plusieurs pays musulmans Pakistan (traditionnellement proche de Pékin), ainsi que des Émirats arabes, de l’Indonésie, de la Mauritanie ou encore du Soudan. Ce dernier a d’ailleurs été réélu dans la foulée pour siéger au Conseil malgré la répression sanglante que mène Khartoum depuis près d’un an contre les manifestations contre le coup d’État d’octobre 2021.

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Votre contre yuans ?

« La Somalie est le seul pays à majorité musulmane qui a voté pour. L’UMMA [communauté islamique, NDLR] se dissout dans les yuans », a ironisé un internaute. L’influence grandissante de la Chine sur ses voisins, mais également sur l’Afrique s’illustre parfaitement dans ce vote.

Ainsi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon ou encore le Sénégal (également majoritairement musulman) ont voté contre. Nouvelle preuve du recul de l’influence de la France (qui a soutenu la motion) et de l’autorité morale de l’Occident en matière de droits de l’homme.

Des experts, des témoins et le gouvernement américain affirment que plus d’un million d’Ouïghours et d’autres musulmans turcophones se trouvent dans des camps dans le but d’extirper leurs traditions culturelles islamiques et de les homogénéiser de force. Les États-Unis ont qualifié la campagne de génocide. Selon Pékin, il s’agit de centres de formation professionnelle. Les autorités chinoises affirment que le gouvernement cherche ainsi à réduire l’attrait de l’islam radical à la suite d’attentats meurtriers.

« Les questions liées au Xinjiang ne sont pas du tout des questions de droits de l’homme, mais des questions de lutte contre le terrorisme, de déradicalisation et d’antiséparatisme », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères jeudi.