Le vendredi 13 novembre 2015 : Daech s’exporte à Paris

 Le vendredi 13 novembre 2015 : Daech s’exporte à Paris

Hommage des Parisiens envers les victimes des attentats du 13 novembre


 


Tarek Mami


Journaliste à Paris


 


Genèse


Daech  acronyme de l'arabe « ad-dawla al-isl?miyya fi-l-?ir?q wa-š-š?m », est une organisation  construite sur une idéologie qui confond mythe et réalité. Le mythe repose sur un imaginaire qui glorifie la civilisation rayonnante du haut moyen âge arabo-musulman et le califat politique, une puissance militaire, économique, culturelle, scientifique et … religieuse de l'époque.


 


La réalité est celle du ressentiment des citoyens irakiens sunnites rejetés, subitement, des centres du pouvoir irakien, par le proconsul américain Paul Bremer avec sa décision, en juillet 2003, de dissoudre tout à la fois le parti Baath et l'armée irakienne, soit les deux mamelles de l'Etat irakien de Saddam Hussein abattu lui et son régime par l'invasion américaine bushiste, construite sur le mensonge de l'existence des armes de destruction massive et de la vision binaire “avec nous ou contre nous”, “le bien contre le mal”. 


 


C’est en Irak, en octobre 2006, sur les décombres d'Al-Qaïda, en déliquescence à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et de l'invasion américaine de l'Afghanistan puis de l'Irak, que Daech fut créé, sous le nom initial de « Conseil consultatif des moudjahidines en Irak »,  avant de prendre la dénomination « État islamique en Irak et au Levant », en 2013, et de déclarer le rétablissement du califat, naturellement “Etat islamique”, le 29 juin 2014.


 


Le rêve est de rétablir le califat sur le modèle abbasside, et son large territoire qui va du Moyen-Orient à l'Asie Centrale et au Maghreb, renouant ainsi avec l'institution abolie par Kamel Atatürk en 1923.


 


L'Etat crée par des sunnites irakiens est d'obédience salafiste djihadiste d'inspiration wahhabite. Sa démarche est donc forcément hostile aux chiites. L'Etat revendique le Coran comme source de son pouvoir et adopte les prescriptions d'un opuscule  écrit par un certain Abu Bakr al-Naji intitulé “Idaret At tawahech” ou « La gestion de la sauvagerie : l'étape la plus critique à franchir par la Ouma ».


 


Ce livre est un genre de “Mein Kampf” pour djihadistes, fanatiques et sanguinaires. Il prône le chaos par le déchaînement de la violence. D'abord dans les pays musulmans des territoires du califat abbasside, ensuite par l'internationalisation de la violence dans les pays occidentaux dont une partie de la population nationale ou immigrée est de confession musulmane.


 


Cette violence en occident doit être accompagnée d'une large propagande à deux volets. D'une part, par la mise en exergue et la dénonciation de la xénophobie, l'islamophobie et les discriminations ressenties ou subies par les musulmans occidentaux. D'autre part, par le rappel incessant de l'histoire coloniale toujours pourvoyeuse d'injustice et d'absence d'égalité entre les colonisateurs et les colonisés.


 


Inégalité hier, Inégalité aujourd'hui, pour présenter les musulmans comme les éternelles victimes de l'Occident, et glisser dans l'interstice une séparation binaire entre le bien (Amr bil maarouf) et le mal ( annahiy ani al mounkir), en vogue en Arabie Saoudite, les croyants musulmans et les kouffars (mécréants) chrétiens et athées. Une sorte d'envers du discours du président américain Bush.


 


Séparation destinée à voiler les origines géographiques, ethniques et culturelles des membres de l'organisation, pour les fondre dans un creuset unique : un Islam mythifié, rigoriste et partagé qui transcende les appartenances géographiques, les races et les couleurs. Le tout avec la maîtrise d'une communication à la fois globale et géolocalisée, avec des outils de communication les plus modernes. Les membres de cette organisation s'adressant chacun à son pays d'origine, dans sa langue et avec la connaissance de ses moeurs et de son système politique.


 


La France et le terrorisme : une longue histoire de l'horreur


La France et Paris ont été frappés, depuis un demi-siècle et l'indépendance de l'Algérie, à de très nombreuses reprises par des actes terroristes exécutés par des organisations mues par des idéologies très éloignées les unes des autres, voire contraires, qui vont de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par un arc-en-ciel de mouvements politiques qui prônent le régionalisme corse, le régionalisme breton, la défense des intérêts d''Israël, d'Iran, de l'Arménie et de la Turquie, l'activisme pro – palestinien, et plus récemment  par différentes mouvances se réclamant de l'Islam.


 


Le plus ancien et le plus meurtrier d'entre eux, est l'attentat terroriste commis par l'OAS, le 18 juin 1961, qui pour illustrer son refus de l'indépendance de l'Algérie, pose une bombe sous le train Strasbourg – Paris qui explose à la hauteur de Vitry-le-François. Bilan : 28 morts. Les plus marquants, sont les attentats attribués au GIA algérien en 1995 et 1996, dans le train régional de l'Île-de-France, dans les stations Saint-Michel et Port-Royal. Bilan :16  morts et près de 300 blessés.


 


Vendredi 13 novembre 2015. Daech s'exporte à Paris pour commettre l'attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire


Cependant, c'est la première fois que la capitale française subit l'assaut de plusieurs hordes de terroristes qui agissent de manière concomitante, coordonnée et dans des localités différentes et relativement éloignées.


 


De plus, à la différence des attentats de janvier 2015, à Paris, contre les locaux du journal satirique Charlie Hebdo et ceux de l'Hyper Cacher dans lesquels les cibles apparaissent comme choisies pour ce qu'elles sont, ou censées avoir fait, des journalistes pour l'un, des membres de la communauté juive pour l'autre, les attentats du 13 novembre 2015, visent des cibles indistinctes et plus larges, monsieur et madame Tout-le-Monde au-delà des nationalités, des couleurs, des religions et de pratiques culturelles.


 


Les derniers attentats ont fait, à ce jour, 130 victimes de 20 nationalités. Soit plus que le total de toutes les victimes françaises, estimées à 102,  assassinées par les terroristes qui se réclament de l'islam, entre 2002, date de l'attentat de Karachi et mai 2015, donc  y compris l'attentat contre Charlie Hebdo. La France porte, aujourd'hui, le deuil 130 victimes, dont plusieurs de confession musulmane, originaires d'Égypte et des 3 pays du Maghreb. Dans le lot des victimes on relève, deux sœurs jumelles de 30 ans, Charlotte et Émilie Meaud, et deux sœurs tunisiennes  Halima et Houda Ben Khalifa Saadi. 


 


Vendredi 13 novembre 2015. Deux jeunes Tunisiennes parmi les victimes à Paris


Deux jeunes sœurs tunisiennes originaires de Menzel Bourguiba près de Bizerte (Tunisie), qui vivaient l'une à Paris et l'autre au Sénégal, et dont les parents sont installés au Creusot (Saône-et-Loire) depuis 1970, sont fauchées par les balles terroristes alors qu'elles fêtaient un anniversaire, à la terrasse d'un café parisien, proche de la place de la République.


 


Halima Ben Khalifa Saadi Ndiaye, 37 ans, cette jeune femme à la crinière de lionne était mariée à un Sénégalais, Adama Ndiaye, et vivait à Dakar. Mère de deux jeunes garçons, elle était à Paris, au restaurant "La Belle équipe", pour fêter l'anniversaire d'une amie. Présente vendredi soir avec sa sœur Halima et l'un de ses frères à la fête d'anniversaire, la Parisienne, Houda Ben Khalifa Saadi, décède samedi des suites de ses blessures à l’âge de 35 ans.


 


Vendredi 13 novembre 2015. Une stratégie terroriste à hautes valeurs symboliques


Hasard ou préméditation de longue date ? Les terroristes qui ont choisi de frapper, le 10 janvier 2015, le journal Charlie Hebdo en plein centre de Paris et l'Hyper Cacher, excentré, à la porte de Vincennes, avaient choisi les lieux en fonction des cibles recherchées.  La date du vendredi 13 novembre 2015, ne semble pas avoir une signification particulière. Le 10 janvier 2015, le choix des cibles l'a manifestement emporté sur la date de l'attaque. Qu'en est-il pour les attaques du 13 novembre 2015 ? Tout laisse croire que c'est l'inverse qui s'est passé. La date semble avoir primé.  Les lieux et les cibles choisis semblent servir la date et l'objectif.


 


Le 13 novembre 2015 conjugue la tenue, d'une part, d'un match de football  au stade de France avec la présence cumulée du Président français, François Hollande et de 80 000 spectateurs à Saint-Denis, et d'autre part, d'une soirée musicale avec le groupe de rock américain  Eagles of Death Métal au Bataclan, la plus grande salle de spectacle de l'est parisien avec une jauge de 1500 personnes. Et pour aller du stade de France à Saint-Denis au Bataclan, le parcours naturel pour des véhicules est de passer par la place de la République. Les terroristes vont donc sévir au point de départ, sur le trajet et au terminus. Trois  choix de lieux qui ne doivent rien au hasard, mais qui s'expliquent aisément à la fois par l'histoire des attentats du 10 janvier et l'objectif final de l'opération, des opérations.


 


Pourquoi le Stade de France ?


Le président François Hollande pouvait être comme ne pas être au Stade de France pour le match amical France-Allemagne. Ces matchs sont toujours symboliques puisqu'ils rappellent l'histoire politique de ces deux pays qui se sont fait la guerre, au moins à 3 reprises en moins d'un siècle. En 1870, pendant la première et seconde guerre mondiale. Et pourtant, ce deux pays ont su dépasser ce différent, notamment territorial, pour construire ensemble l'embryon de ce qui va devenir l'Union Européenne. Le vendredi 13 novembre, le président français  était bel et bien au Stade de France. Il a été exfiltré dans la foulée de la première explosion déclenchée par le premier Kamikaze dans le périmètre du stade.


 


Élu président de la République, en 2012, François Hollande n'a pas dérogé à la politique de son prédécesseur sur les dossiers iranien et syrien, corseté pour se faire par son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Devenu très vite chef de guerre, le président français  maintient et engage l'armée française sur plusieurs fronts, l'Afghanistan, le Sahel et le Moyen-Orient. Trois régions ou les populations sont très majoritairement musulmanes. Argument très vite récupéré par Daech.


 


Le président de la République française et son ministre des Affaires étrangères ont multiplié crescendo, de slogans et formules chocs à l'encontre du président syrien Bachar al-Assad, qui ne pouvaient que plaire à Daech et ouvrir un boulevard de justifications à des dizaines de jeunes Français, désinhibés et endoctrinés dans la diabolisation du président syrien. Formules à l'emporte-pièce, « Bachar al-Assad ne mérite pas de vivre », « Jobhat Annosra fait du bon travail en Syrie ».


 


Par la suite, en août 2014, la France annonce être prête à bombarder le président syrien et ses armées accusées d'avoir utilisé des armes chimiques contre les rebelles et sa population, dans la région de Damas. Et puis, la France, lâchée par le Président américain Obama, ne bombarde pas le régime syrien mais adopte un nouveau slogan et passe à la formule favorite du président, du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, « ni-ni », « ni Daech, ni Bachar ».


 


Ensuite la France décide de bombarder Daech en Irak puis en Syrie, et d'entrer dans la voie des exécutions extra-judiciaires de djihadistes, notamment Français, dans le cadre « de la légitime défense collective » selon le verbatim officiel. Il en est ainsi, dans la nuit du 8 au 9 octobre 2015, avec le bombardement d'un camp à Raqqa et le ciblage du djihadiste français Salim Benghalem, considéré, alors, comme le formateur en chef des djihadistes français et francophones, avant l'apparition du nom d'Abdelhamid Abaaoud considéré ,depuis, comme l'instigateur et commanditaire de plusieurs attentats sur le sol français, dont ceux du  vendredi 13 novembre 2015, à Saint-Denis et à Paris.


 


Punir et châtier le chef de guerre français, s'il est au Stade de France, en présence de sa population doit être un projet jubilatoire pour l'organisation terroriste qui y met les moyens en hommes et en matériel. Et s'il n'y est pas, son peuple paiera à sa place.


 


Heureusement, la vigilance des agents de sécurité du stade a empêché l'assassinat du président et le massacre de son peuple. Si les oiseaux se cachent pour mourir, les kamikazes s'engagent, eux, pour mourir. Par conviction, pour « aller au Paradis et jouir des 70 vierges » promises, parce que bourrés de captagon, la drogue des djihadistes, ayant perdu tout sens de libre arbitre ou par peur de leurs commanditaires qui n'ont aucune pitié pour ceux qui n'accomplissent pas la mission acceptée. Ils sont venus et se sont fait exploser avec leurs ceintures. Mission accomplie pour leurs commanditaires.


 


Une première en France et en Occident. Ainsi, la fermeté de Paris envers al-Assad n'a pas évité les attentats de Daech. Bien au contraire la politique étrangère française a transformé le pays en adversaire, voire, en ennemi des deux belligérants les plus importants en Syrie.


 


Les attentats du vendredi 13 novembre obligent le président français à procéder à une révision déchirante de sa politique étrangère, sans jamais le reconnaître officiellement, et de tourner le dos à celle prônée, entre deux sommeils dans les sommets diplomatiques par son ministre Laurent Fabius, pour déclarer : « notre ennemi en Syrie est Daech ».


 


Pourquoi les exécutions massives dans les Xe et XIe arrondissements de Paris ?


Sur le chemin du Bataclan, l'odieux va continuer et les innocents vont trinquer. Le peuple français et ses hôtes étrangers vont payer le prix de la barbarie et de la lâcheté. Les noms des restaurants et des rues parisiennes vont s'égrener, comme dans un mauvais polar, sans pitié. Rue Bichat, rue Alibert, rue de la Fontaine au Roi, rue de Charonne qui a déjà eu son lot de morts à la fin de la guerre d'Algérie, parmi ceux qui la dénonçait. Restaurant Le petit Cambodge,  Le Carillon, Casa Nostra, la Belle Équipe.12 tués dans le Xe arrondissement,19 dans le XIe.


 


L’objectif à ce stade est de réaliser le chaos décrit dans le « Mein Kampf djihadiste ». Affoler la population. Saturer et disperser les forces de police et les services de sécurité, l'information relative à la première phase de l'opération au Stade de France tournant déjà sur les télévisions et radios d'informations continues et sur les réseaux sociaux, outils de propagande préférés de Daech. Et … peut être, déjà à ce stade, commencer  à se « venger » de l'échec de l'opération Stade de France, si les terroristes en avaient eu écho.


 


Pourquoi  Place de la République et Boulevard Voltaire?


Les noms de la Place de la République et du Boulevard Voltaire résonnent en permanence dans la meilleure collective des Parisiens et du peuple français, car ils renvoient au parcours habituel des manifestations et des marches qui contestent les politiques en place, revendiquent plus de liberté, d'égalité et de fraternité, et apportent de la solidarité aux peuples opprimés à la recherche de leur indépendance, liberté et dignité.


 


Pour Daech, Place de la République et Boulevard Voltaire rappellent d'abord et surtout son rejet et celui des ses précédents actes terroristes par le peuple français, qui est descendu, dans sa diversité, par centaines de milliers dans ce périmètre, et le soutien de la cinquantaine de pays à travers la présence de leur chef d’État qui ont pris part à la manifestation et à la marche solidaire, du 11 janvier 2015. 


 


Les images de cette manifestation silencieuse de recueillement, grandiose, fraternelle et digne  retransmises par les télévisions du monde entier ont mis à mal la propagande et les images hollywoodiennes de Daech qui souhaite les effacer de la mémoire collective nationale et internationale et les souiller  par les bruits stridents des balles assassines et du sang des innocents. Au silence de janvier, Daech voulait opposer le bruit des munitions, les  cris et les pleurs des innocents, comme un criminel qui ne peut s'empêcher de revenir sur le lieu de son crime. Et nous dire : «  je fais ce que je veux, ou je veux, quand je veux, et de préférence dans vos lieux sacrés ». A ce titre encore, le choix des lieux n'est ni fortuit, ni gratuit, mais pensé et réfléchi.


 


Vendredi 13 novembre 2015. Daech : je frappe quand je veux, où je veux. 


Reste la date de cette série d’attentats. Un vendredi 13. Cette date offre plusieurs lectures et interprétations. Elle est symbolique dans l'imaginaire collectif français. En France, vendredi 13 est jour de malheur, de malchance et de catastrophes inexpliquées pour les uns, de chance pour les autres. Coté malchance et catastrophe. Cette date, d'origine biblique fait superstition et rappelle que le Christ a été crucifié ce jour-là de la Semaine sainte. Coté Chance. La Française des Jeux, a mis en place, depuis 1991, pour son jeu « Loto », une "opération V13", qui enregistre 3 fois plus de participants qu'un vendredi ordinaire.


 


Une première lecture renvoie au fait que les djihadistes occidentaux utilisent ce code culturel de leur pays dans sa version de malheur, pour intensifier le désarroi. Une seconde lecture renvoie au fait que dans la culture populaire musulmane mourir un vendredi est une bénédiction divine. Une troisième lecture  rappelle que  c'est le jour du premier anniversaire du vote par le Parlement français de la dernière loi renforçant les dispositions de lutte contre le terrorisme, le 13 novembre 2014. Et bien sûr, bien d'autres lectures restent possibles.


 


Vendredi 13 novembre 2015. Objectif final


Hasard du calendrier ? Super sophistication de la stratégie de Daech ? Parfaite maîtrise des codes culturels occidentaux et de la communication moderne ? Volonté d'inscription des actes terroristes dans la topographie de la capitale de l'hexagone et les méandres de la pensée politique et sociale française ? Les attentats du vendredi 13 novembre 2015 combinent les prescriptions du « mein kampf» djihadiste, la possible présence du président français dans le stade de France, l'adresse du domicile du Premier ministre français, Manuel Valls, exfiltré de chez lui des le début de l'attaque, la présence de la synagogue de la rue de la Roquette, la proximité des anciens locaux du journal satirique Charlie Hebdo, le lieu du rassemblement de la manifestation du 11 janvier 2015, organisée en présence de plusieurs chefs d'Etats étrangers pour dénoncer les attentats du 7 janvier 2015 et manifester l'union nationale française et la solidarité internationale avec la France.


 


Au delà de l'imbrication de ces faits et des multiples possibilités de leur interprétation croisée ou unilatérale, un constat s'impose : les arrondissements parisiens visés, qualifiés dans le langage populaire de « quartiers Bobo », représentent ce que Daech exècre le plus. Un choix et un style de vie faits de mixité publique hommes/femmes, religieuse, ethnique, culturelle, et sociale. Une jeunesse qui s'amuse et remplit les stades, les bars et les salles de spectacles et non les lieux de culte. Un multiculturalisme aux antipodes de l'idéal de Daech qui œuvre pour une purification religieuse, une société monocolore avec une lecture salafiste de l'Islam et une religiosité stricte.


 


Les derniers attentats de Daech on été commis en parfaite adéquation avec son bréviaire « la gestion de la barbarie » : monter les communautés culturelles et religieuses les unes contre les autres, pour les pousser à se séparer, au Moyen-Orient et en Occident. Frapper des personnes de confession ou de culture chrétienne, pour les faire rejeter leurs compatriotes musulmans. Frapper des personnes de confession ou de culture musulmane, pour les faire comprendre qu'ils n'ont pas leur place en France et que l'État français est incapable d'assurer leur sécurité. Plus encore, avec ces attaques terroristes, Daech nargue la France et revient sur le lieu de son premier crime de Janvier 2015 avec ce message anxiogène : « je fais ce que je veux, ou je veux, quand je veux. »


 


Tarek Mami