Nouvelle déclaration polémique d’Abdelhamid Dbeibah visant la Tunisie
Alors que les observateurs des relations tuniso-libyennes pensaient que les choses étaient rentrées dans l’ordre entre les deux pays voisins, suite à la récente visite du chef du gouvernement libyen en septembre dernier à Carthage, Abdelhamid Dbeibah a une nouvelle fois renchéri en accusant la Tunisie de faire partie des pays ayant floué la Libye quant au sort de certains avoirs mal acquis.
Cette déclaration controversée intervenait au lendemain d’un très houleux conseil des ministres où le même Dbeibah a interpellé notamment son ministre des Finances. Le chef du gouvernement d’union libyen, contesté par le Parlement qui lui a retiré sa confiance fin septembre, doit faire face à de nouveaux défis électoraux dans deux mois, dans un pays qui peine à parachever sa transition démocratique.
C’est dans ce contexte que Dbeibah, au tempérament décidément agité lors de certaines envolées oratoires, a qualifié les transferts de fonds opérés ces dernières années par ses compatriotes de « stupides et absurdes », affirmant au passage qu’aux côtés de la Belgique et de Malte, « la Tunisie est parmi les pays ayant escroqué les Libyens ».
Un franc-parler inédit dirigé également contre l’Occident
L’escalade ne vise ainsi pas seulement la Tunisie, qui avait pourtant accueilli des centaines de milliers de réfugiés libyens entre 2011 et 2012. En marge de cette participation à un atelier de travail sur le partenariat public / privé dans le domaine des services et de l’énergie à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah a en outre accusé les occidentaux de « subtiliser l’argent et les investissements libyens aux vu et au su de tous ».
Pragmatique, le chef de l’exécutif libyen, ancien businessman, prédit que « les avoirs gelés dans les banques européennes, ne seront hélas jamais rapatriés. […] Une politique d’atermoiement sera adoptée en la matière », conclut-il. Une approche qui diffère catégoriquement de celle du président Kais Saïed qui promet encore aux Tunisiens, 11 ans après la révolution, que « les fonds mal-acquis de l’ancien régime seront restitués jusqu’au dernier millime ».
« Le capital mondial est lâche… les grandes puissances ne savent plus où placer ces capitaux… Il n’y a guère plus d’environnement propice pour l’investissement… Ils (les Européens) ont mis la main sur les avoirs transférés par les Libyens en Europe, et ont pillé les fonds de l’Etat libyen, sous les yeux de tous », a déploré Dbeibah qui assure techniquement aujourd’hui l’intérim, après une motion de censure votée par 89 députés sur 113 présents à la Chambre des représentants libyens.
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