Omar Khayyam, le poète épicurien

 Omar Khayyam, le poète épicurien

Tapis persan (fin XIe siècle-début XIIe siècle) montrant Omar Khayyam. (crédit photo : Soren Andersson/AFP


C’est grâce à sa poésie que ce mathématicien, astronome et philosophe persan est resté dans la postérité. Les fameux quatrains de ce libre penseur, grand amateur de vin, sont une ode à l’ivresse.


De son vivant, Omar Khayyam est surtout connu comme savant, mathématicien, astronome et philosophe. Il naît en 1048 en Perse, à Nishapur, au nord est de l’Iran actuel.


Il choisit le pseudonyme de “Khayyam” (fabriquant de tentes) en référence au métier de son père. Il étudie toutes les disciplines sous la direction des plus grands maîtres de l’époque. En quête de connaissances, il ­parcourt le pays, rencontre des savants, fréquente des bibliothèques et des centres scientifiques, comme ­celui de Balkh où il séjourne un an.


A Samarcande, il écrit deux grands traités, dont le plus célèbre est le Traité des démonstrations de problèmes d’algèbre (en arabe sous le titre Risâla fi barâhin alâ masâ’il al-jabr wa al-moghâbila). A son retour dans sa ville natale, Omar Khayyam est déjà reconnu en tant que savant, ce qui lui vaut d’être invité par le roi ­seld­joukide Malek Shah à participer à la construction d’un observatoire à Ispahan, ainsi qu’à la réforme du calendrier solaire persan.


Khayyam réalise des tables astronomiques et introduit l’année bissextile. Le calendrier solaire utilisé de nos jours en Iran doit son exactitude à ce grand savant. Astrologue à la cour du roi, Khayyam continue de travailler sur son autre ouvrage majeur, le Traité sur quelques définitions d’Euclide (en arabe sous le titre ­Risâla fi Sharh ishkal mâ min mosâdirât kitâb Oklidos).


 


“Bois du vin, tu as des siècles pour dormir”


Cependant, c’est grâce ses Rubaïyat, recueil de plus de 400 quatrains qui célèbrent le vin et les plaisirs, qu’Omar Khayyam accédera à une notoriété mondiale bien après sa mort. “Bois et sois heureux”, clame cet esprit libre et esthète épicurien. Désenchanté, Khayyam cherche dans la dive bouteille une échappatoire à son angoisse existentielle. “Bois du vin, ami, bois, car le temps est un ennemi implacable. Bois du vin, tu as des siècles pour dormir.”


Bien que croyant, il s’adresse souvent à Dieu en termes irrévérencieux. “Tu as brisé ma cruche, ô mon Dieu ! C’est moi qui bois et c’est toi qui connais les désordres du vin ? Serais-tu ivre mon Dieu ?”, s’emporte-t-il devant une cruche renversée.


Peu connus de son vivant, les Rubaïyat ne sont découverts qu’en 1859 grâce à leur traduction en anglais par le poète britannique Edward FitzGerald. L’ouvrage ­devient culte dans le monde entier. Au siècle suivant, les fameux quatrains seront immortalisés par la diva Oum Keltoum qui les chantera.


Khayyam meurt à l’âge de 83 ans, à Nishapur, où il est enterré, à l’ombre de deux rosiers. “Quand je serai mort, lavez-moi dans du vin, et, du bois de la vigne, qu’on fasse mon cercueil”, avait-il exigé. 


MAGAZINE SEPTEMBRE 2017