Ibn Battûta, l’explorateur érudit

 Ibn Battûta, l’explorateur érudit

crédit photo : Leemage/AFP


Globe-trotter marocain du XIVe siècle, Ibn Battûta fut à la fois voyageur, pèlerin, jurisconsulte et ambassadeur. En vingt-neuf ans, il va parcourir plus de 120 000 km et visiter près de 50 pays. Ses souvenirs de voyages sont compilés dans un ouvrage unique, “Rihla”.


Abu Abdallah Muhammad Ibn Abdallah Al-Lawati At-Tanji Ibn Battûta est né au Maroc dans la ville de Tanger, le 24 février 1304, au sein d’une famille de lettrés de la tribu berbère des Luwata.


Erudit et jurisconsulte, Ibn Battûta a l’âme d’un pèlerin voyageur. Il profite de la place occupée par l’Islam et la langue arabe, ainsi que du développement du commerce, pour se joindre à des caravanes ou embarquer sur des vaisseaux marchands. Il rapporte que les musulmans du XIVe siècle dominent l’activité maritime en mer Rouge, dans le golfe Persique, l’océan Indien et en mer de Chine.


Le périple d’Ibn Battûta va durer vingt-neuf ans, de 1324 à 1353, ponctué de plusieurs pèlerinages à La Mecque. Il commence par les pays du Maghreb, puis l’Egypte, la ­Syrie, l’Irak et la Perse. Il consacre son deuxième voyage à l’Arabie, au Yémen et à toutes les côtes de l’Afrique de l’Ouest. Lors de sa troisième expédition, il explore l’Asie mineure, la Turquie, la Russie, l’Asie centrale, l’Inde, la Chine, les Maldives, l’île indonésienne de Sumatra et ­Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka). Au quatrième voyage, il part en Andalousie et revient pour parcourir tout le ­Maroc, le Sahara et toute l’Afrique occidentale.


 


Des hommages encore actuels


Quand il retourne à Fès en 1353, le sultan mérinide Abu Inan Faris lui demande de dicter ses souvenirs de voyage à Ibn Juzayy, érudit et poète andalou, secrétaire du souverain. Il en résultera un ouvrage unique, Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des villes et les merveilles des voyages, plus connu sous le nom Rihla, récit ethnographique, historique et géographique, qui apporte également d’importantes connaissances sociologiques et coutumières aux chercheurs. Riches en anecdotes, ces chroniques éclairent sur l’Islam médiéval, ses gouvernants et ses sociétés. Cet ouvrage ne sera connu de ­l’Occident qu’au XIXe siècle. Le manuscrit autographe est déposé à la Bibliothèque nationale de Paris.


La date de la mort d’Ibn Battûta est imprécise, autour de 1369. Il est enterré dans sa ville natale, Tanger, dans un petit mausolée au cœur de la médina.


Parmi les innombrables hommages à sa mémoire, on peut noter qu’un “mall” (centre commercial) porte son nom à Dubaï, ainsi que l’aéroport et le stade de Tanger. En 2009, c’est Hollywood qui le consacre dans le film de Bruce Neibaur, Le Grand Voyage d’Ibn Battûta, avec, dans les rôles principaux, le Britannique d’ascendance indienne Ben Kingsley et le jeune acteur marocain Chems Eddine Zinoun. Sur la Lune, un cratère porte également son nom dans la mer de la Fécondité. Google Maroc lui a rendu hommage le 25 février 2012, pour la date anniversaire de sa naissance, en présentant un logo représentant ses voyages et la possibilité de revoir ses périples.