Note de lecture – Le monde ne sera (certainement) plus comme avant

 Note de lecture – Le monde ne sera (certainement) plus comme avant

Le monde ne sera plus comme avant, de Bertrand Badie (D) et Dominique Vidal, paru aux éditions Les Liens Qui Liberent, 336 pages.

Ce n’est pas la première fois qu’un auteur s’intéresse à la crise du monde moderne. Déjà, au début du siècle, on a eu le fameux Malaise dans la civilisation de Sigmund Freud, on a lu avec plaisir aussi l’ouvrage critique du monde occidental où René Guénon a brocardé une Europe de l’après-guerre 1914-1918 en focalisant sur les dérives du monde moderne. Avec une précision cependant, dans La crise du monde moderne, le penseur français qui s’élevait contre l’hégémonie occidentale avec l’idée d’un progrès faux qui encense le matérialisme, faisait la part belle aux traditions spirituelles d’Orient qu’il présentait comme bien supérieures à celles de l’Occident.

 

Pourtant dans Le monde ne sera plus comme avant, Bertrand Badie et Dominique Vidal nous mettent en garde contre les « mirages et dangers de l’éternel retour » en faisant parler l’actualité, la crise de l’Ukraine comme exemple. Ils rappellent ainsi dans l’analyse des relations internationales et, plus généralement, celle de l’évolution du monde « qu’en ces temps “post-bipolaires”, de références, à un prétendu retour de tout un ensemble de vieilles pratiques, politiques, économiques, sociales ou culturelles ». 

Ils citent pêle-mêle le retour de la guerre, froide ou chaude, le retour de la nation, des frontières, du sacré ou du religieux, du libéralisme d’antan ou des menaces éternelles, crainte d’une « troisième guerre mondiale »…

Cet ouvrage a le mérite de sortir des grilles de lecture géopolitiques toujours marquées par la pensée de Metternich, de Bismarck, au moment où justement les nouveaux principes d’un monde qui a changé de base, avec notamment la décolonisation, la dépolarisation et surtout la mondialisation, il apparaît plus que salutaire de ne pas reprendre des grilles de lecture éculées même si elles paraissent rassurantes à bien des égards. 

Les auteurs proposent ainsi de procéder à rebours, en se demandant « d’où vient cet engouement pour le retour, en comprenant pourquoi il nous met sur de fausses pistes, en devinant enfin quels sont les vrais substituts à cette lecture quelque peu hâtive et peu imaginative des soubresauts du monde d’aujourd’hui. Pourquoi l’histoire ne vend que des allers simples, très rarement des allers et retours » !

 

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