Wikileaks dévoile des liens entre Al-jazeera et les renseignements militaires américains
La chaîne Al-jazeera vient d’être épinglée par Wikileaks. Un câble référencé 05DOHA1765 datant du 20 octobre 2005 lève le voile sur les relations assidues entretenues entre le directeur général de la chaîne Wadhah Kanfar, palestinien d’origine, avec le service de renseignements militaires américains.
C’est ce que révèle un article paru sur le portail d’actualité Elaph dans son édition du samedi 10 septembre qui détaille les échanges secrets entrepris entre une responsable militaire américaine et le directeur de la chaîne, lui-même journaliste de carrière et directeur du bureau de Bagdad avant d’être le directeur général de la chaîne depuis 2003.
Quand la chaîne d’information la plus regardée du monde arabe montre une grande docilité à l’égard des demandes de l’Etat fédéral américain, la déception est grande. Combien de fois n’avons-nous entendus des tirades et des slogans à la gloire de la liberté et de l’indépendance affichées par Al-jazeera, contre toute forme de pressions. C’est essentiellement ce fonds de commerce qui lui a assuré un succès sans partage auprès des populations arabes.
Seulement voilà, Les détails révélés par le câble ne laissent aucun doute sur les pressions qu’exerçait l’Amérique sur le directeur général de la chaîne, ni sur l’efficacité de celles-ci.
Le contenu des courriers échangés entre eux laisse voir l’ascendant d’une rsponsable des renseignements militaires américains sur la chaîne qatarie, et une volonté de ne laisser rien passer quant à sa ligne éditoriale ainsi que le contenu de son portail numérique al jazeera.net.
Les accusations ou demandes américaines concernaient principalement la couverture de la guerre en Irak, le ton employé par ses reporters considéré comme un parti-pris contre les intérêts américains et une incitation à la violence ainsi que la diffusion des reportages vidéo d’opérations terroristes.
La réponse du directeur général ne se faisait pas attendre. Affichant une docilité bienveillante, il promettait de veiller lui-même à faire appliquer les directives et à modifier ce qui est en mesure de déranger le service de renseignement américain.
Cette révélation jette un pavé dans la mare en semant le doute sur l’indépendance réelle de la chaîne.
La chaîne Al-jazeera lancée en 1996 par l’actuel émir du Qatar avec de grands moyens et une volonté affichée de libéraliser le paysage médiatique arabe s’est toujours fort peu souciée des malaises ou même colères qu’elle suscitait chez les gouvernements arabes, courant le risque de se faire fermer des bureaux ici et là. Les bureaux d’Al-Jazeera live en Egypte viennent d’être fermés par la force publique, pour défaut d’autorisation et incitation aux troubles. L’Egypte vient également d’accuser Qatar d’avoir versé 30 millions de dollars à une ONG égyptienne dans le seul but de semer le désordre dans le pays.
Soufia Limam