Violences conjugales : des chiffres à la hausse

Un an après la loi sur les violences faites aux femmes qui prévoit de protéger en urgence les victimes de violences conjugales, où en est la situation ?

Une écoute anonyme

Géré depuis 1992 par la Fédération nationale solidarité femmes(FNSF), le 3919, service d’écoute anonyme, Violences conjugales infos, reçoit un nombre croissant d’appels. En 2010, les 23 écoutantes de la plate-forme d’écoute ont reçu 50 396 appels, ce qui correspond 50,2 % de plus que l’année précédente.

Mais plus qu’une hausse du nombre de violences conjugales, il faut y voir une meilleure connaissance du numéro. «Les campagnes médiatiques participent incontestablement à une meilleure connaissance du numéro d’écoute par les femmes. En 2010, le nombre d’appels par jour pour violences conjugales a été deux fois plus important en période de campagne médiatique», lit-on dans le communiqué du 25 juillet de la FNSF. L’appel est par ailleurs gratuit depuis un poste fixe.

La majorité des appels (19 707) a concerné des violences conjugales, 1873 personnes ont téléphoné pour d’autres types de violences tel que viols, mariages forcés, harcèlement au travail. 2255 appels avaient aussi pour but d’obtenir des renseignements ou des informations. L’écrasante majorité des appels pour violences conjugales concernent des femmes victimes d’hommes, cependant dans 2,1 % des appels il s’agissait de situations «homme-victime/femme-auteure». La FNSF rappelle qu’en France, «une femme sur 10 est victime de violences conjugales (enquête ENVEFF 2001), et une femme décède tous les 2,5 jours sous les coups de son compagnon (ministère de l’intérieur 2008)». En 2009, elles sont ainsi été 140 à mourir.

Manque d’hébergement

Mais pour faire face à ce problème de société, les moyens font défaut. Le nombre d’écoutantes a certes augmenté (23 à ce jour) depuis la création du service téléphonique mais il demeure insuffisant. De même pour la question de l’hébergement. Et l’annonce en mai dernier de la réduction des moyens alloués au secteur de l’hébergement va aggraver la situation.

Les conséquences ne tardent guère. Le seul centre d’accueil pour femmes du Samu social à Paris a fermé ses portes en juin. «La baisse des subventions générales sur les centres d’hébergement et le 115 en font qu’évidemment des femmes se retrouvent sans rien», affirme Olivia Cattan, présidente de l’association Paroles de femmes. Pour Françoise Brié, vice-présidente de la FNSF, la spécificité des femmes et enfants ayant subi des violences conjugales est d’être en danger et donc de nécessiter très rapidement d’un logement sécurisé et adapté à plus ou moins long terme : «les femmes victimes de violences ont besoin d’être mises en sécurité, dans l’urgence, et d’être accompagnées de façon très spécifique, pour aborder les questions juridiques, souvent longues et complexes, la question des enfants, et pour analyser la dangerosité de la situation».

Le plan interministériel 2011-2013 de lutte contre la violence faite aux femmes prévoit la création dans chaque département d’un accueil de jour spécialisé. Mais avec seulement 40.000 euros par département, les associations craignent que cela soit impossible.

Gypsy Allard