Une coalition armée de 75.000 hommes pour sécuriser le Sahel contre Aqmi
C’est une rencontre décisive pour la stabilité de la région qui a réuni les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Sahel : Algérie, Mali, Mauritanie et Niger, le vendredi 20 mai dans la capitale malienne.
Inscrite sous le thème «sécurité et développement», cette rencontre a pour objectif de faire le point de la situation sécuritaire dans le Sahel et de la coopération régionale, un an après celle tenue à Alger en mars 2010. Lors de cette rencontre, l’Algérie a fait un don de dix millions de dollars. Enveloppe conséquente destinée à financer des projets de développement dans la région Nord du Mali. Et de mettre au point une stratégie commune et polyvalente pour faire face aux dérives sécuritaires qui menacent l’ensemble de la région.
Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Sahel ont pu débattre au cours de cette réunion cruciale, de toutes les questions liées à la sécurité et le développement dans la sous-région sahélo-saharienne.
La délégation algérienne conduite par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a soutenu l’idée que réaliser des programmes de développement durable dans la région du Sahel représente le meilleur moyen pour améliorer les conditions de vie des populations et leur réinsertion socio-économique. «La convergence importante avec nos pays voisins est qu’aujourd’hui tout le monde est convaincu que le concept de partenariat est le seul moyen pour lutter contre le terrorisme», a souligné M. Messahel.
Dans ce cadre, l’Algérie a été désignée comme « pays qui aura la charge d’entreprendre les contacts nécessaires et prendre les dispositions appropriées ». Et c’est encore l’Algérie selon un plan antiterroriste adopté par les quatre pays qui sera aux commandes des opérations militaires dans la région. Les Algériens seront à la tête d’un contingent coalisé de 75 mille hommes qui seront mobilisés dans les prochains 18 mois.
D’autres décisions toutes aussi importantes ont été cautionnées par les ministres des quatre pays lors de cette rencontre. Les participants «rappellent avec force que les situations d’instabilité et de conflits dans le voisinage comportant des risques de nature à aggraver le phénomène terroriste qui demeure l’un des défis majeurs pour la stabilité, la coopération et le développement dans la région», recommandation reprise dans le communiqué final.
Ainsi et en évoquant «les conflits de voisinage», l’allusion est faite aux débordements de la crise libyenne sur le Sahel qui tend à se propager au-delà des frontières de la Jamahiriya que les ministres des quatre pays du Sahel ont évité de citer nommément. La persistance du conflit libyen fait de ce pays une sorte de marché anarchique des armes et le risque est gros de voir ce matériel de guerre préempté par les terroristes de l’organisation Aqmi.
« Les dommages collatéraux suivront en raison du nombre d’armes qui circulent dans la région et qui viennent renforcer les capacités de groupes terroristes et de bandes armées », explique encore Abdelkader Messahel, le ministre algérien. Il ajoute dans le même ordre : « Il Il va falloir créer entre nous des passerelles pour qu’il y ait au niveau militaire et au niveau sécuritaire du renseignement une certaine cohésion ».
Le sort des travailleurs maliens, nigériens et algériens, obligés de quitter la Libye pour regagner leur pays d’origine via le Sahel, est aussi une autre source d’inquiétude. Selon Abdelkader Messahel « cela pose des problèmes et alourdit déjà le fardeau des pays qui sont déjà affaiblis par justement cette instabilité qui existe dans nos sous-régions ».
Par ailleurs et selon des sources sécuritaires, le Mali, trop longtemps réservé quant à un règlement politique de la question des Touareg, serait sur le point d’adopter les mêmes positions que celles de l’Algérie. Les fortes perturbations sécuritaires qui menacent l’ensemble de la région ont réussi visiblement à aplanir les divergences. De plus les Algériens, Maliens, Nigériens et Mauritaniens expriment, à l’unanimité, la nécessité absolue de consolider la présence des dizaines de tribus touarègues en leur assurant un soutien économique et social.
Au terme de la rencontre à Bamako des représentants des pays du Sahel, l’Algérie a été désignée pour dialoguer avec des partenaires «extrarégionaux» pour examiner toutes les questions liées à ce partenariat et le fructifier. Les participants à cette rencontre se sont également mis d’accord pour tenir une réunion ministérielle tous les six mois, dont la prochaine est fixée à Nouakchott (Mauritanie).