Tunisie. Samir Seriati : « Mon père est victime d’une machination »

 Tunisie. Samir Seriati : « Mon père est victime d’une machination »

Samir Seriati dénonce une vaste machination ciblant son père

Fils aîné du général Ali Seriati, ex chef de la sécurité présidentielle de Ben Ali, Samir Seriati, commandant de bord à la compagnie aérienne Nouvelair, continue de livrer une bataille judiciaire acharnée depuis l’arrestation de son père quelques heures après la fuite de l’ex président Ben Ali. Aujourd’hui, il accuse ! En exclusivité pour le Courrier de l’Atlas, il a accepté de témoigner à visage découvert.

 

A l’abri des médias, relativement oubliée par l’opinion depuis sa délocalisation hors de Tunis, l’affaire Ali Seriati bat pourtant son plein.

Après avoir été innocenté une première fois le 12 août devant un Tribunal civil dans l’affaire dite de l’Aéroport de Carthage, puis une deuxième fois devant un tribunal militaire le 18 novembre dans l’affaire du complot contre la sûreté de l’État, l’ouverture du second volet militaire du procès d’Ali Seriati au Tribunal militaire permanent du Kef s’ouvrait le 28 novembre dernier. Un report fut alors décidé par le juge pour le lundi 12 décembre.

A l’occasion de la tenue de cette deuxième séance d’audition, nous avons rencontré la personne sans doute la plus proche de l’ex général symbole de la garde présidentielle durant les années Ben Ali, son fils Samir.

Pilote dans l’aviation civile, celui-ci se démène entre deux vols internationaux pour diligenter ses propres enquêtes, recueillir des témoignages et toutes sortes de documents pouvant démystifier ce qui, selon lui, est une vaste machination ciblant son père, « bouc émissaire de tout un système dont les autres acteurs sont toujours en liberté », accuse-t-il.

Rappel des faits :

Selon son avocat maître Kéfi, Ali Seriati est toujours en détention, tenu à la disposition de la Justice pour comparaître pour d’autres chefs d’accusations concernant la participation à des meurtres avec préméditation à Tunis, Sfax et dans la nord-ouest du pays.

Au Kef, il vient d’être confronté avec d’autres accusés dans l’affaire des meurtres des martyrs de Kasserine et Talla. L’affaire a été reportée au 26 décembre courant.

Hier mardi, Seriati était à nouveau convoqué par le Tribunal de Tunis. Cette fois-ci en tant que témoin. Cependant, il n’est pas encore innocenté dans cette affaire.

Son fils qui est très au fait de ce dossier dénonce le rôle joué par les médias, et derrière eux des commanditaires jamais inquiétés par la justice, dans la création d’une psychose au lendemain de la révolution du 14 janvier.

Toutes sortes d’intox ont cours alors sur plusieurs chaînes TV nationales, relayées parfois dans les médias internationaux, mais jamais démenties publiquement par la suite. Elles ont, selon Samir Seriati, pour but de faire diversion, en mettant au centre du chaos sécuritaire d’alors la garde présidentielle du président déchu, alors que son directeur est déjà arrêté.

C’est un fils combatif que nous avons rencontré, déterminé à œuvrer pour que justice soit faite, mais convaincu que l’on se trompe de procès en faisant de son père l’ennemi public numéro 1. S’il choisit d’apparaître aujourd’hui à visage découvert, c’est qu’il estime qu’il ne doit plus avoir à craindre pour sa sécurité dans un état de droit.

Seif Soudani