Tunisie : Meeting du PDP à Saint-Denis
Le Parti Démocrate Progressiste a tenu un meeting en France où il a défendu son programme et tiré à boulets rouges sur le parti Ennahdha.
« Peu importe les résultats aux élections, je continuerai à être un militant », assène Tarek Toukebri, tête de liste du Parti Démocrate Progressiste (PDP) sur la circonscription France-1. En ce dimanche après-midi, le PDP tient son meeting à la bourse du travail de Saint-Denis (93). La salle de réunion réservée pour l’occasion affiche complet. Quelques curieux se mêlent aux nombreux sympathisants. Offensifs, ils annoncent la couleur et tirent à boulets rouges sur « l’ennemi » déclaré, le parti Ennahdha.
Combattre la menace Ennahdha
« Le parti Ennahdha nous laisse le choix entre la peste et le choléra, je vous le dis, ils veulent nous imposer une nouvelle dictature », lance la tête de liste avant de détailler :« Ils veulent que tous les pouvoirs législatifs soient aux mains d’une seule chambre et d’un seul parti ! ». Remonté contre le parti Ennahdha, le PDP n’hésite pas à dénoncer « leurs ambitions cachées ». Exemple évoqué, le nombre de points sur leur programme qui diffère entre la France et la Tunisie. « Ici, il parlent de 365 propositions mais en Tunisie, ça passe à 216. En fait, ils proposent une version édulcorée où les premières parties qui traitent de la place de l’Islam dans la République n’apparaissent plus ». Le PDP interpelle les gens présents, les exhortant à « se défendre contre cette menace », avant de finir par un argument à charge contre Ennahdha : « Dans leur programme santé, ils veulent que l’Etat se désengage du financement des hôpitaux au profit d’associations caritatives. Donc, si tu as ta carte du parti, tu as le droit aux soins, sinon, tant pis pour toi ».
Une place de choix pour les Tunisiens de l’étranger
Après cette charge virulente, le parti présente son programme. Ils ne veulent plus que « les Tunisiens de l’étranger soient cantonnés au rôle de pourvoyeur de devises ». Pour le PDP, il faut accroître leur rôle et faire cesser cet « apartheid déguisé ». Première mesure, la double nationalité ne doit pas être un obstacle à l’exercice des droits politiques. « Il faut donc abroger l’article 7 de la loi organique de 1988 sur les partis politiques », précise Nejab Ben Jemaa, second sur la liste.
Pour renforcer les liens, le PDP prône « la création d’un secrétariat d’Etat chargé des Tunisiens à l’étranger rattaché au ministère des Affaires étrangères ». Pour aider au rapprochement, le parti souhaite que de nombreux Tunisiens de l’étranger reviennent au pays pour investir et créer des entreprises. Une mesure phare : « Permettre aux expatriés de retour au pays de garder le statut de non-résident pendant 10 ans pour réaliser des investissements dans l’industrie ou les services productifs ».
Vers une séparation stricte des pouvoirs
Pour eux, il faut « une démocratie fondée sur la séparation claire et nette des pouvoirs ».Le président sera élu au suffrage universel, pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Le chef de l’Etat choisira les ministres, mais leurs nominations devront être entérinées par les commissions des deux chambres du parlement. La justice devra être indépendante avec, à son sommet, « un Tribunal constitutionnel ». Le parti propose une « déclaration des droits et libertés » votée par la constituante qui protègera « chaque individu contre toutes les formes d’arbitraire ».
Tout cela devra être décidé autour d’un consensus entre tous les élus. Mais le peuple aura toujours son mot à dire. Le PDP veut organiser un référendum où le peuple donnera son avis sur le travail effectué par la constituante. Tarek Toukebri, en France depuis 30 ans, termine par un trait d’humour : « Je n’avais jamais voté. Pour la première fois de ma vie, je suis électeur et éligible et, cerise sur le gâteau, je vais voter pour moi-même ».
Jonathan Ardines