Tunisie- Les ex-détenues bénéficieront de soutien étatique pour des micro-projets
En marge des festivités tenues dans le cadre de la célébration de la femme tunisienne le 13 août, s’est ouverte ce lundi matin une exposition dans le hall du Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) à Tunis. Le Courrier de l’Atlas était présent.
Ce sont les prisonnières qui ont été les porte drapeaux de cette exposition tout en couleurs, lesquelles malgré le revers de la fortune ont continué à produire et à créer. Elles ont confectionné derrières les barreaux et de leurs mains, des créations parfois très bien finies allant des tapis, nappes en lin et en crochets, à l’aquarelle, en passant par la peinture sous verre. Autant de signes qui laissent voir que derrière les hauts murs fermés, la vie continue.
La ministre da la femme Lilia Abidi qui a inauguré l’expo a expliqué que ces prisonnières ayant appris un métier de peinture, de borderie ou de tissage peuvent bénéficier à leurs sorties du soutien du ministère pour lancer des micro-projets. Un travail de coordination avec le ministère de la justice est en train de prendre forme.
Le ministère de la justice partie prenante de l’expo a précisé par la voix de quelques cadres présents à l’ouverture que les prisonnières bénéficient toutes de cycles d’apprentissage de leur choix. Les ateliers de production disponibles dans la plupart des prisons sont dirigés par des animateurs professionnels qui les encadrent.
La commercialisation des produits a été évoquée également, dans la mesure où les bénéfices alimentent la caisse pour renouveler les équipements et la matière première, et un tiers revient aux prisonnières à titre d’encouragement. Les productions sont exposées dans les foires traditionnelles ou organisées spécialement à cet effet, en attendant la réouverture du local d’exposition permanent.
La ministre de la femme a vivement appelé à rompre les liens du silence en invitant les médias et les chercheurs à prendre contact avec des prisonnières libérées ou encore sous les verrous pour qu’elles racontent leurs parcours. Elle a regretté que les études manquent cruellement dans ce domaine.
Il est à rappeler que sous Ben Ali, la fête de la femme donnait lieu à une grande opération de propagande à l’honneur du régime occupé seulement à redorer son blason et à s’attribuer tous les mérites de l’émancipation de la femme tunisienne.
Les figures de proue de la scène féministe sous Ben Ali, telle Saida Agrebi présidente de l’association des mères tunisiennes aujourd’hui en fuite à l’étranger et de bien d’autres étaient de toutes les sauces pour entonner tout ensemble un hymne à la gloire du régime « qui a beaucoup fait pour la femme tunisienne ».
Grande nouveauté de la révolution du 14 janvier. L’action organisée aujourd’hui ainsi que le mot prononcé par la ministre ne laissaient voir aucune volonté de récupération. La ministre a loué le travail en amont qui a donné lieu à cette exposition. D’un autre côté, elle a vivement fait remarquer que des prisonnières politiques connues à travers le monde arabe telles l’égyptienne Nawal Saadaoui ou l’algérienne Djamila Boupacha ont écrit des mémoires pour faire toute la lumière sur leur parcours et dénoncer les mauvais traitements qu’elles ont subies, des livres qui ont enrichi la mémoire collective. La scène tunisienne déplore un vide qu’il est grand temps de combler.
Soufia Limam