Tunisie. L’avenue Bourguiba « rouge de monde » pour la fête de l’Indépendance

 Tunisie. L’avenue Bourguiba « rouge de monde »  pour la fête de l’Indépendance

Des milliers de Tunisiens se sont spontanément déplacés ce matin mardi 20 mars Avenue Bourguiba pour la seconde célébration de la fête de l’Indépendance tunisienne. Photo LCDA.


Le drapeau national était omniprésent pour la seconde célébration de la fête de l’Indépendance tunisienne. A Tunis où nous étions Place Habib Bourguiba, la mobilisation populaire a atteint des records à la mi-journée. Décryptage des enjeux politiques d’un jour historique. (Photo LCDA)




 


Des milliers de Tunisiens se sont spontanément déplacés ce matin mardi 20 mars Avenue Bourguiba, dans le but clairement affiché d’égaler, voire de dépasser, le nombre impressionnant de manifestants islamistes et salafistes du vendredi dernier.


En Tunisie post révolutionnaire, le calendrier des fêtes nationales semble désormais répondre aux vendredis politisés. Ces derniers sont devenus, depuis quelques semaines, l’occasion quasi hebdomadaire pour les partisans de l’islam politique le plus radical de faire des démonstrations de force, de plus en plus suivies, à la sortie des mosquées.


Comme une évidence, l’idée s’est imposée à l’opposition, à la gauche, et aux forces progressistes dans leur ensemble, de s’approprier quant à elles, en contrepartie, les jours de fêtes nationales, particulièrement celle de l’Indépendance, chargée en symboles patriotiques et anti oppression.  


Pour cette seconde commémoration du 20 mars 1956 après la révolution, l’ambiance festive, la présence policière notable ainsi que le choix du lieu donnaient des airs de révolution bis à l’évènement. En cette journée ensoleillée, c’est aussi le Printemps arabe, initié en ces mêmes lieux, qui était immanquablement invoqué dans les consciences.  


L’appel à la mobilisation s’était fait essentiellement sur les réseaux sociaux, et mis à part le réseau Doustourna, décidément très actif dès qu’il s’agit de fédérer sur le terrain, les partis politiques se sont faits discrets.


 


Des slogans résolument modernistes


A Sfax, deuxième ville du pays qui a connu avec Sousse des marches similaires, le drapeau national était encore plus présent. C’est que sa profanation récente par des salafistes est encore dans toutes les têtes.


Les slogans les plus récurrents étaient tous à teneur moderniste, demandant notamment l’instauration d’un Etat civil. Quelques slogans étaient plus clairement dirigés contre Ennahdha, considéré comme « le parti au pouvoir ». Parmi eux, « Mort au projet rétrograde, de la Tunisie à l’Arabie Saoudite », ou encore « Ghannouchi, la Tunisie restera libre ne t’en déplaise ». 


Certains passants regrettaient qu’une fête nationale soit ainsi politisée. « A qui crie-t-on de dégager au juste ? », demandait-on, chez les plus sceptiques. « Aux islamistes ! », leur répondait-on souvent.


Au-delà des aléas d’une récupération politique probablement inévitable, on ne peut que se réjouir du fait que les Tunisiens, surtout les plus jeunes, se sentent de plus en plus concernés par la vie politique. Depuis les élections (au taux de participation très faible parmi les jeunes), chaque rendez-vous de ce type est l’occasion pour nous de constater chez eux une conscience politique qui s’affirme.


Seif Soudani


 


Reportage photo :


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Reportage vidéo :


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