Tunisie. Intervention étrangère en Syrie : Moncef Marzouki et Rafik Ben Abdessalem se contredisent
Cacophonie au sommet de l’état autour d’une intervention étrangère en Syrie. Le président de
Moncef Marzouki et Rafik Ben Abdessalem ont tous deux été interrogés en début de semaine, respectivement par
Une question commune aux deux interviews portait sur un sujet très sensible : l’éventualité d’une intervention étrangère pour mettre fin au conflit Syrien. Un conflit meurtrier qui a fait à ce jour plus de 5 000 civils, victimes de la répression militaire du régime de Bachar Al Assad, selon un dernier rapport de l’ONU.
Marzouki a clairement mis en garde contre toute velléité d’intervention étrangère, lui qui quelques jours auparavant se défendait d’être un nationaliste au micro de France Inter.
« Une telle intervention signifierait que la guerre va s’étendre à toute la région, ce qui ouvre la voie à implication de toutes les puissances régionales, à l’instar de
Il ajoute qu’il s’agirait là d’une hypothèse irréalisable » et d’un « suicide collectif », arguant que cela peut faire échouer la révolution syrienne qui se muerait potentiellement en conflit interconfessionnel.
Beaucoup moins tranchée, voire favorable en filigrane à une intervention extérieure, fut la réponse de Ben Abdessalem. C’est le secrétaire général de
Le nouveau chef de la diplomatie tunisienne n’y a pas été par quatre chemins : « Nous espérons que les Syriens trouvent une solution dans le cadre des négociations présidées par
La déclaration passe mal dans les milieux souverainistes : cela implique en effet que la 3ème voie, à peine éludée par le ministre, est une intervention de la communauté internationale, typiquement via l’OTAN et un scénario à la libyenne.
Vers une diplomatie à deux têtes ?
En Tunisie, la politique étrangère est traditionnellement l’apanage du chef de l’Etat. Mais la donne a changé depuis que le pays a virtuellement évolué vers un système parlementaire voulu par les partis vainqueurs des élections de
Un système où le gouvernement est le centre de l’exécutif mais où le président de
Cela pose le problème d’une diplomatie à deux têtes, comme en témoigne cet épisode de passe d’armes, plutôt fâcheux en ce qu’il donne à voir une diplomatie tunisienne confuse, ce qui complique une communication gouvernementale déjà en crise.
Surtout, cela intervient dans le double contexte de lourdes suspicions d’influence grandissante du Qatar dans la région tout entière (son prince était récemment en visite controversée en Tunisie) et de diplomatie tunisienne attendue au tournant, en pays précurseur du printemps arabe.
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