Tunisie – Élections : Meeting du PDM dans le 9.3.
Hier soir jeudi à Pantin (Seine-Saint-Denis), le Pôle Démocratique Moderniste (coalition de 4 partis et 5 initiatives citoyennes) tenait un meeting en présence de la plupart de ses têtes de liste. Dans une jolie salle remplie aux deux tiers, les candidats ont dévoilé les grandes lignes du programme. « Liberté, égalité, laïcité » pourrait être la devise d’une coalition qui veut rassembler autour d’un État moderniste.
« Séparation du religieux et de l’État »
« Nous voulons rompre avec l’ancienne Tunisie et ce diktat de la pensée unique », lance d’entrée la tête de liste de la circonscription France-nord, Nadia Chaabane. Selon elle, il faut tout « revoir », en commençant par « éradiquer les mécanismes qui ont permis l’exclusion ».
Le Pôle veut rétablir l’égalité en Tunisie, remettre le « pluralisme » au goût du jour. Et pour commencer, mettre hommes et femmes à la même hauteur.
Et ils ont déjà commencé : « Le Pôle a 32 listes, il y a 16 têtes de listes femmes, la parité a été respectée comme nous l’avions annoncée », lance fièrement sa tête de liste, suivie d’un tonnerre d’applaudissements dans la salle.
Interrogés sur leur position quant à la laïcité, les candidats répondent d’une seule voix : « Nous voulons une séparation du religieux et de l’État, une évidence pour nous en 2011 ». Avant d’illustrer joliment ce propos : « L’Islam est l’affaire du cœur, la gestion de la cité est celle de l’esprit ».
Une décentralisation pour rendre « la confiance au peuple »
« Chaque Tunisien doit avoir le droit à un logement décent, à l’accès à l’éducation, à la santé et un travail honnête » dresse Nadia Chaabane. Mais pour en arriver là, il faudra d’abord élire une constituante pour « une année » avant de former un « gouvernement provisoire ».
Pour les pouvoirs, pas de compromis, « il faudra une séparation nette, le président aura des prérogatives mais c’est le gouvernement qui prendra les décisions pour la gestion du pays », rajoute-t-elle.
Dans un souci de faire participer tous les Tunisiens à la vie politique, le PDM veut organiser régulièrement des « référendums ». Un premier moyen selon eux pour « redonner confiance au peuple», rappelle Leila Sakha, troisième sur la liste.
Ensuite la décentralisation. La coalition veut découper la Tunisie en « 6 ou 7 régions ». Une « instance médiatisation-sécurité » sera installée dans chacune. Elle aura pour but de régler les conflits entre les citoyens ou entre les citoyens et l’État. Dans chaque région, un conseil élu par le peuple gérera les ressources et les utilisera à sa guise en fonction des besoins.
Un programme économique « réaliste »
« On veut rassembler toutes les forces » souligne Emna Chouikha, benjamine de la liste. Pour elle, il faut « recruter des agents de tous les corps de métier, ici, en France ». Le PDM veut que chacun « soit concerné » et n’hésite pas à venir « investir en Tunisie pour monter des projets ».
Un moyen parmi d’autres pour relancer une économie moribonde. D’ailleurs, les candidats se gaussent des chiffres annoncées par de nombreux partis : « On entend parler de créer 100 000, 150 000 voir même 529 000 emplois. Ce sont des chiffres de propagande ».
Le Pôle préfère quant à lui annoncer des mesures « réalistes » : « Il faudra faire une réforme fiscale ». Augmenter « les impôts des plus gros revenus » et lutter contre les « 10 % » de pauvreté.
Pour s’en donner les moyens, le PDM veut faire « un grand emprunt » en piochant là où il reste des liquidités, « immobilier, finance ou même la bourse ». Cet argent servira à financer « un programme d’aide en 2012 pour les plus démunis ». Priorité aux « 300 000 familles » en état de pauvreté extrême et aux « jeunes diplômés » chômeurs depuis 2 ans. Le discours fait mouche, la salle est conquise.
Le mot de la fin est pour Nadia Chaabane : « À 8 jours des élections, on me parle de vote utile. Le vote pour le Pôle est un vote de conviction, nous ne roulons que pour la Tunisie ».
Jonathan Ardines