Tunisie – Elections : Coup d’envoi de l’inscription aux listes électorales. Qu’en est-il des Tunisiens de l’étranger?
Le compte à rebours pour les premières élections libres en Tunisie, a commencé. Dès aujourd’hui, inscription sur les listes électorales. Voici la marche à suivre.
Face au vide institutionnel résultant de la révolution du 14 janvier, l’opinion tunisienne a longtemps hésité. Après avoir envisagé dans un premier temps des élections présidentielles anticipées pour mars, puis un éventuel référendum pour amender la Constitution, le gouvernement de transition dût se résoudre à l’évidence, la rue a tranché : seule solution pour faire table rase du passé, une nouvelle Constitution d’abord, ce qui nécessite l’élection d’une Assemblée constituante. Mais ces tergiversations ont eu un coût : des élections organisées dans l’urgence, voire la précipitation, devant une pression populaire ayant déjà du mal à avaler la pilule de leur report au mois d’octobre.
Pas de cartes d’électeur et passeport pour les Tunisiens à l’étranger
Ainsi, première conséquence, les délais étant très courts avant l’échéance fatidique du 23 octobre prochain, la commission chargée de leur préparation a dû renoncer à toute idée d’envoi de cartes d’électeurs, trop coûteuse en temps et en moyens. Du coup, exceptionnellement, une simple carte d’identité nationale (CIN) ou un passeport suffisent pour s’enregistrer à compter d’aujourd’hui 11 juillet et jusqu’au 2 août dans toutes les municipalités du pays.
Tollé en revanche parmi les centaines de milliers de tunisiens résidant à l’étranger : s’ils sont généralement ravis de pouvoir voter pour la première fois à des élections autres que les présidentielles, ils sont unanimes pour fustiger le choix de ces dates. Une période courte qui coïncide pour beaucoup avec leurs vacances annuelles en Tunisie. Les autorités viennent de réagir afin de les rassurer et clarifier certains points via le ministère des Affaires Étrangères :
– Ceux qui sont en Tunisie durant cette période peuvent procéder à leur enregistrement auprès du bureau électoral dépendant de la mairie où ils séjournent.
– Il est prévu des procédures exceptionnelles d’inscription après le 2 août mais cela relève exclusivement des pouvoirs de la commission en charge de l’organisation des élections (saisie via le consul).
– Profiter le cas échéant du séjour en Tunisie pour lancer les formalités de constitution de la CIN ou du passeport (plus rapides en Tunisie). Se rendre au ministère de l’intérieur (Bureau des Tunisiens de l’étranger) à Tunis ou à bord des cars ferries de la CTN.
Cependant, concernant les Tunisiens résidents à l’étranger pouvant s’inscrire à temps dans leurs circonscriptions consulaires respectives, les consulats généraux tunisiens viennent de publier à leur adresse un avis qui rappelle qu’en sus de la pièce d’identité (CIN ou passeport en cours de validité), ils doivent présenter carte consulaire et carte de séjour. Ce qui exclut a priori les sans-papiers…
Pour rappel, les consulats en France, sont ouverts au public du lundi au vendredi de 9h à 13h. Les droits de chancellerie sont de 3€ pour chaque demande de carte consulaire. Pour les autres consulats, se renseigner par téléphone avant de se déplacer.
Le poids déterminant de l’électorat résidant en France
Les représentations diplomatiques, particulièrement en France, insistent auprès de la diaspora pour participer massivement à ce vote historique afin de faire valoir ses droits et contribuer collectivement au processus démocratique en Tunisie. Et pour cause : le poids démographique conséquent des tunisiens de France et des franco-tunisiens fait que la France est le seul pays à être partagé en deux circonscriptions, et surtout à accaparer à elle seule 10 des 18 sièges destinés à l’étranger, devant l’Italie et ses 3 élus seulement.
Les leaders de partis politiques ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Aussi, Najib Chebbi du PDP a été le premier à ouvrir le bal des déplacements sur place, avec une visite à Paris où il n’a pas manqué de marquer le coup médiatiquement en posant notamment au chevet des tunisiens rescapés de Lampedusa. Mohamed Jegham a quant à lui fait les frais d’un déplacement éclair désastreux pour l’image de son parti Al Watan. Lors d’un meeting houleux à Nice, son service d’ordre a violemment confisqué le micro d’un tunisien qui posait une question sur le sujet sensible du passé du candidat en tant qu’ex dignitaire du régime déchu.
Nul doute que la bataille pour séduire ce nouvel électorat ne fait que commencer, et elle promet d’être rude. L’enjeu considérable qu’il représente laisse augurer d’un ballet incessant entre Tunis, Rome et Paris, du moins s’agissant des plus gros partis pour qui il peut faire la différence.
S. S.