Tunisie. Ahmed Kriâa, tué par 25 balles le 15 janvier 2011 : sa veuve témoigne
C’est l’un des épisodes tragiques de l’après-révolution les moins connus du grand public en Tunisie. Le 15 janvier 2011, au lendemain de la chute de Ben Ali, la psychose bat son plein dans les rues de la capitale. Un chaos sécuritaire, alimenté par des médias ainsi que d’ex figures du régime, qui pousse militaires et policiers déployés à agir de façon irrationnelle et paranoïaque.
Ahmed Kriâa, 30 ans, entrepreneur et fils d’un grand promoteur immobilier, sera une victime emblématique de ce climat de peur généralisée qui s’empare alors de Tunis. L’affaire n’a été ébruitée dans les médias qu’à travers Médiapart le 10 janvier 2012.
Dans le cadre d’une enquête sur les évènements du 14 janvier, la veuve d’Ahmed, Kmar, avait livré un bref témoignage téléphonique au journaliste Pierre Puchot, où elle explique que c’est elle qui, la première, avait reconnu la voiture criblée de balles de son mari sur le bas-côté de la route, alors qu’elle recherchait sa trace, enceinte, en plein couvre-feu, après qu’elle n’ait plus reçu de nouvelles.
Ce matin-là, Ahmed sort apporter à manger à ses employés restés coincés dans sa société au Kram. Sur le chemin du retour, il est d’abord contrôlé 3 fois par des barrages militaires. La 4ème fois lui sera fatale. Ce n’est que 5 jours plus tard que sa famille apprendra sa mort par balles.
Nous avons rencontré sa veuve qui vit avec ses deux enfants, deux filles de 1 et 2 ans, à
Aujourd’hui, outre l’indemnisation touchée en deux fois comme promis par le gouvernement aux familles des martyrs, elle dénonce la pension dérisoire de 270 dinars tunisiens (140 euros) que l’état a promis de lui verser, elle qui a deux enfants à charge.
Elle fustige aussi l’inaction de la commission d’enquête dédiée et celle du nouveau gouvernement qui n’ont toujours pas établi les responsabilités dans le cas du décès d’Ahmed, dont l’autopsie a révélé une mort causée par pas moins de 25 tirs, dont 18 mortels, la plupart dans le dos.
Une tragédie nationale qui gagne à être connue, les principaux responsables de la psychose organisée méthodiquement selon Kmar Kriâa étant toujours soit en liberté, soit poursuivis pour des faits moins graves, à l’image de Ridha Grira, ex ministre de
Seif Soudani
Interview audio, 1ère partie : http://www.youtube.com/watch?
Seconde partie : http://www.youtube.com/watch?