Tunisie. Abdelfattah Mourou : « Les islamistes ne sont qu’une des composantes des révolutions arabes »

 Tunisie. Abdelfattah Mourou : « Les islamistes ne sont qu’une des composantes des révolutions arabes »

Abdelfattah Mourou (à gauche)

Discrètement, un sommet international « Campagne  de défense de l’islam » s’est tenu les 15, 16, 17 décembre à Gammarth en Tunisie, en présence du leader d’Ennahdha Rached Ghannouchi, avec la collaboration de cheikhs et d’oulémas venus de Libye, d’Egypte, de Syrie et de Palestine. Contrairement à ce qui fut annoncé par certains de nos confrères, Abdelfattah Mourou, conseiller du gourvernement, n’a pas pris part au sommet. Ses positions relativistes à propos de la place de l’islam politique dans le Printemps arabe peuvent aider à comprendre son absence.

L’histoire de Abdelfattah Mourou au sein du parti Ennahdha qu’il a co-fondé est une histoire tumultueuse, faite d’allers retours à répétition, de coups d’éclat et de désamours chroniques.  

C’est que le sexagénaire ne s’est jamais caché d’être le trublion iconoclaste de son parti, prônant très tôt un réformisme qui ne deviendra un courant significatif dans le parti que tout récemment.

Dans cet entretien, Mourou insiste sur le fait que l’expérience tunisienne devrait être un exemple pour l’islam politique dans toute la région. Celui-ci gagnerait à comprendre selon lui que « le jeu démocratique exige que les islamistes ne peuvent être que l’une des composantes du pluralisme politique ». Cela vaut pour la Syrie qui connait d’après Mourou un scénario similaire aux autres révolutions arabes.

« C’est seulement ainsi que nous pourrons éviter que l’islam politique ne soit suspecté d’hégémonie, de monopole ou de velléités totalitaires », ajoute-t-il. Ce n’est qu’ainsi par ailleurs que cette famille politique pourra devenir un conservatisme comme un autre, à l’image des Chrétiens démocrates.

Concernant sa dernière scission avec Ennahdha, l’homme préfère ironiser en déclarant que c’est le parti qui l’a quitté et non pas lui qui a quitté son parti. « Je continuerai à apporter ma contribution tant que l’on ne me soumet pas à une discipline de parti ».

Signe que le juriste est un iconoclaste invétéré, il exige son droit à la différence, sa spécificité étant un certain anti conformisme pas toujours apprécié chez les plus conservateurs.

Propos recueillis par Seif Soudani