Tunisie. Abdelfattah Mourou : «Le salafisme doit être ramené dans le giron des débats idéologiques»
A 63 ans, Abdelfattah Mourou connait une reconnaissance aussi tardive qu’inespérée. Ce co-fondateur d’Ennahdha aura passé en tout sous l’ex régime 2 ans en prison, une année assigné à domicile, et deux ans d’exil en Arabie Saoudite.
C’est un homme très occupé qui nous reçoit dans sa résidence de la Marsa. Nous sommes constamment interrompus par des appels téléphoniques le félicitant pour son nouveau poste de ministre.
Interrogé sur sa fonction exacte qui doit être bientôt annoncée publiquement, il répond qu’elle est à mi-chemin entre celle de ministre en terme de grade et de statut, et de conseiller spécial auprès du Premier ministre, chargé des affaires juridiques. L’avocat ne pouvait certainement se contenter de moins que ce poste de consolation. Il avait été un temps pressenti pour occuper le ministère de la Justice.
L’affaire du sit-in de la Faculté des lettres de la Manouba tombe donc à pic, tel un test grandeur nature dans lequel il a déjà eu l’occasion de s’illustrer usant de ses talents d’arbitrage. Mais sa tentative de médiation s’était soldée par un dialogue de sourds entre lui et les coordinateurs du sit-in, confrontés sur les ondes d’une radio locale à cet exégète considéré comme modéré du coran.
Reste que pour Mourou, le salafisme ne doit pas être stigmatisé mais ramené dans le giron du débat d’idées. C’est au mieux un vœu pieux, surtout lorsque l’on voit avec quelle violence les sit-inneurs veulent imposer leur propre lecture des textes religieux, quitte à paralyser tout un campus universitaire.
Seif Soudani