Trois mois après son lancement Le tramway de Rabat n’est pas encore sur les rails
Trois mois se sont écoulés depuis le lancement du tramway à Rabat. Un premier bilan sur le fonctionnement du train de ville a été présenté par la Société de tramway de Rabat Salé (STRS) lors d’une conférence de presse tenue. Une légère déception semble poindre dans le discours.
S’il est vrai que la période de lancement (fin mai) a coïncidé avec le début des congés et vacances scolaires, les R’batis n’ont pas montré un engouement particulier pour le tramway qui n’a atteint que 30% de sa capacité de transport, en 3 mois. Le PDG de la STRS, Lemghari Essakl, a précisé que « le tramway peut accueillir jusqu’à 560 personnes, soit l’équivalent de 10 bus, ou encore de 100 grands taxis ». Avec la rentrée scolaire, il espère que la seconde phase située entre septembre et décembre connaîtra un véritable démarrage du tram.
Côté bourse ?
La STRS s’est lancée dans les formules d’abonnement. Ces formules devraient encourager toutes les catégories sociales à prendre le tramway et bénéficier du confort qu’il offre à presque le même prix de la course en bus. Ainsi l’abonnement mensuel sera à 250 DH, le trimestriel à 700 DH, le semestriel à 1 350 DH et l’annuel à 2 500 DH.
A destination des étudiants, les prix seront encore plus à la portée avec un coût de voyage situé entre 2 et 3 DH. L’abonnement mensuel leur coûtera 150 DH, tandis qu’ils paieront 420 DH pour le trimestre, 810 DH le semestre, et 1 500 DH l’année. La ligne?1 du tramway est d’ailleurs celle qui longe l’avenue principale de Madinat El Irfane, la cité des étudiants de la capitale.
Les personnes à mobilité réduite auront également un tarif préférentiel. Le tramway est d’ailleurs particulièrement équipé pour les recevoir et devrait ainsi leur faciliter doublement les déplacements en ville. Les actifs et les retraités des forces armées royales (FAR) et leurs enfants mineurs auront également une grille tarifaire particulière. Au fur et à mesure de l’exploitation, d’autres tranches de la population pourront bénéficier de tarifs spéciaux.
Technologie à l’appui, les cartes d’abonnement seront des cartes à puce Calypso rechargeables. Ces passes urbains sont très connus et diffusés de par le monde. Une technologie que le Tramway de Rabat nous amène, non sans fierté.
Le hic dans le tram
Le tramway est un bel engin, cela va sans dire. Son design épuré et son passage réglé change des bus retardataires et bruyants qui s’arrêtent un peu n’importe où. Cela dit, le tramway reste encore un nouvel arrivé et il lui faudra du temps avant de s’intégrer dans le paysage Rabat-Salé.
Même s’il a embelli les deux villes et a structuré leurs grandes avenues, il s’est emparé d’un grand espace urbain, aggravant le problème d’embouteillage dont souffrait déjà Rabat. Pour Lemghari Essakl, il y a d’autres moyens de contourner les embouteillages. « Le pont Moulay Youssef, situé à proximité du premier, est aujourd’hui laissé à l’abandon. Un projet de reconstruction de ce pont débutera au cours de l’année 2012, ce qui désengorgera le pont Hassan II », espère-t-il.
D’autres soucis ont émaillés le lancement du tramway, en raison des mauvaises habitudes de conduite de nos automobilistes qui ne respectent pas les arrêts obligatoires précédant le passage de l’engin. Mais cela devrait être dépassé dans quelques mois, quand le tramway sera mieux accepté dans le paysage urbain.
Le tramway de Rabat lorgne quelque 50 millions de voyageurs par an, soit 100 000 par jour. Un défi de taille mais jouable avec les nouveaux tarifs. A Casablanca, les travaux du tramway s’éternisent et augurent de la même situation si ce n’est pire, en raison de la grande anarchie des transports dans la grande métropole.
Fedwa Misk