Syrie- A Paris, le patriarche maronite défend Bachar Assad
« Nous sommes avec les réformes politiques, avec la liberté publique, mais nous sommes inquiets pour l’avenir des chrétiens dans les pays arabes». Au micro de France 2, le patriarche Maronite (libanais), Béchara Boutros Raï, n’a pas caché ses inquiétudes.
Fraîchement élu en mars dernier, il a été reçu en France du 3 au 11 septembre. Il s’agissait là de son premier voyage officiel. Longue tradition entretenue avec un pays où vivent pas moins de 80.000 fidèles.
De Paris à Marseille, en passant par Lourdes, le patriarche est allé à la rencontre de ses ouailles. Il a ensuite été reçu par le président Sarkozy et par les plus hautes autorités françaises. Tout au long de sa visite, il a estimé que le tournant pris par le monde arabe pourrait être un coup d’arrêt pour la communauté chrétienne.
Le patriarche craint l’apparition de nouvelles formes d’Etats, des Etats théocratiques. Des régimes politiques fondés sur des principes religieux ou gouvernés par des religieux.
Fier de la situation au Liban, il a rappelé que depuis le pacte national, il y a un Etat civil, ni chrétien ni musulman. Que ce pays est un exemple pour la vie civile, démocratique et pour les droits de l’homme. « Le monde arabe reconnaît que le Liban est nécessaire pour eux. Il s’agit d’une plate-forme où la liberté d’expression est intacte. »
Une vive polémique
Inquiet pour les minorités chrétiennes qui vivent dans les pays arabes, le patriarche a également déclenché un début de polémique au Liban. Interrogé sur le régime syrien, il n’a pas caché ses positions : « Il faut qu’on donne plus de chances à Bachar Al-Assad » avant de reprendre : « Il ne s’agit pas pour nous de soutenir le régime. Ce que nous craignons, c’est la transition. »
Des déclarations qui ont fait couler beaucoup d’encre. En effet, elles sous-entendent que les chrétiens ne pourraient vivre dans les pays arabes qu’à l’abri d’une dictature. Pour illustrer ses propos, le patriarche fait référence à l’Irak et craint un scénario identique pour ses fidèles sous les régimes à venir. Le patriarche s’inquiète « que les événements ne dérivent en guerre civile» et que les nations « ne s’effritent en mini Etats confessionnels dirigés par des régimes plus durs ».
Profitant de sa visite en France, le patriarche a fait un appel du pied aux grandes puissances : « les responsables du monde et de la communauté internationale doivent veiller à l’établissement d’une paix juste et durable ».
La peur de voir les pays basculer dans la guerre civile et le chaos est compréhensible. Mais celle-ci est autant partagée par les chrétiens que par la majorité des musulmans. Il ne faudrait pas faire oublier que les chrétiens du Moyen-Orient se sont toujours battus pour défendre la démocratie et les droits humains contre toute forme de dictature. Ni que la majorité des musulmans considère la présence chrétienne comme une richesse pour la société, pour son développement et sa prospérité.
Jonathan Ardines
Lien pour voir l’Interview : http://www.pluzz.fr/chretiens-orientaux-2011-09-18-11h00.html