Sport – Fennecs : Droit au but !
Depuis sa prise en main des Fennecs, Vahid Halilhodzic en a fait sa rengaine : il veut voir les Vert et Blanc proposer un football offensif. Surprenant de la part d’un coach réputé pour sa capacité à dresser des forteresses plutôt que des ensembles tout feu tout flamme. Analyse.
Un revirement à 180 degrés ? L’évolution de convictions au contact du réel ? Ou une idée reçue peut-être pas si fondée que cela ? En France, Vahid Halilhodzic souffrait d’une réputation d’entraîneur adepte du double verrou, porté sur la solidité défensive, plutôt que sur la proposition offensive. Une certitude : l’hermétisme de ses arrière-gardes constituait l’atout numéro un de ses équipes (Lille, PSG). Ce qui n’est pas incompatible avec un déploiement ambitieux des attaquants.
Défaut d’offensive
En arrivant en Algérie, l’entraîneur bosniaque s’est refait une virginité. Il se pose à présent en promoteur d’un football porté vers l’avant. Il ne s’agit sans doute pas d’une stratégie de communication pour se mettre dans la poche le peuple algérien. Ni d’une révolution personnelle peu crédible chez un entraîneur qui approche la soixantaine. Non, Vahid Halilodzic semble avoir simplement mis le doigt sur le grand mal algérien : une animation offensive proche du néant.
Lors de la Coupe du Monde, les Fennecs ne sont ainsi pas parvenus une seule fois à faire trembler les filets adverses. Tout aussi éloquent, lors de la CAN 2010, aucun attaquant n’avait inscrit de but ; seulement des défenseurs ou des milieux.
Pour retrouver des ambitions, l’Algérie se doit donc de retrouver le goût du but. Hier mercredi, en conférence de presse, le sélectionneur a clairement affiché l’objectif des amicaux à venir face à la Tunisie (12 novembre) et au Cameroun (15 novembre) : «On jouera l’offensive à outrance en vue de remporter ces deux matches. » Le programme d’Halilhodzic : la victoire via l’offensive. Droit au but, diraient les Marseillais.
La conjoncture du moment sert cet objectif. Rafik Djebbour ne cesse de marquer avec l’Olympiakos, et le nouveau venu, Sofiane Feghouli, devrait aider à créer des situations avantageuses pour les Vert et Blanc.
Une équipe souriante
S’il pointe le doigt vers les filets adverses, le sélectionneur bosniaque n’a pas pour autant abandonné ses deux grandes marottes : la cohésion du groupe et la condition physique. Ainsi, le gardien Mickaël Fabre, qui s’est dispensé du voyage en Algérie pour blessure, plutôt que de venir la faire constater sur place, devrait être écarté de la sélection pour quelques temps, comme cela est arrivé à Ryad Boudebouz.
Découragé dès le premier rassemblement à Marcoussis, Halilhodzic a assuré qu’ «un changement radical s’est produit dans l’équipe sur tous les plans. Les joueurs ont repris confiance, j’ai retrouvé une équipe souriante. »
Le coach bosniaque a toutefois mis un bémol concernant la condition physique de ses protégés. « Les joueurs doivent augmenter leur potentiel physique. Pour cela, ils doivent apprendre à jouer plus vite en étant très offensifs. » Le physique conçu comme un moyen de déséquilibrer l’adversaire, plutôt que comme une fin.
Pour affronter la Tunisie puis le Cameroun, coach Vahid a annoncé qu’il ferait jouer tous les sélectionnés. Une manière de les passer en revue, avant de restreindre son groupe. Si l’ex entraîneur du PSG maintient sa ligne de conduite, les audacieux auront alors la priorité sur les frileux.
Thomas Goubin