Spécial Elections tunisiennes – Entretien avec Imed Daimi, tête de liste du CPR
Les Tunisiens de France votent du 20 au 22 octobre. Pour apporter un éclairage supplémentaire, nous publions une série d’interviews de candidats aujourd’hui et demain. Ci-après, Imed Daimi, tête de liste du Congrès pour la République (CPR), répond à nos questions.
Selon vous, quels points doivent absolument être inscrits dans la Constitution ?
Nous voulons protéger les libertés individuelles pour tous les citoyens et affirmer notre culture arabo-musulmane.
Pour garantir la démocratie et éviter un retour en arrière, il faut un parfait partage des pouvoirs. Le président sera élu pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois. Le premier ministre sera issu de la majorité. Le parlement pourra destituer le président en cas de crise grave. Une cour constitutionnelle sera créée pour être la garante de la démocratie mais elle ne sera pas seule.
La nouvelle constitution sera un contrat social qui va régir le pays pendant des dizaines d’années. Elle devra se référer à la révolution tunisienne en étant axée sur le peuple. Le droit à la désobéissance civile pour les Tunisiens devra y être inscrit en cas de non respect des libertés. Ils pourront destituer le pouvoir en place si une nouvelle dictature venait à s’installer.
Quels sont les 3 axes prioritaires de votre programme ?
Pour commencer, nous devons réformer la justice en profondeur pour aller vers une indépendance du pouvoir judiciaire. Il faut tout nettoyer, notamment les services de police qui sont encore gangrenés par la corruption. Nous ne pourrons pas aller de l’avant tant que d’anciens fonctionnaires corrompus s’évertueront à tirer le pays vers le bas.
Pour avancer, nous placerons les régions au cœur du développement de l’État. Il est obligatoire aujourd’hui de garantir l’accès aux services de santé ou de transport de façon égalitaire pour tous. Nous devons en finir avec ce déséquilibre régional qui affaiblit une partie de la population.
Pour finir, le pays doit s’attaquer à l’un de ses plus gros problèmes, la dette honteuse accumulée durant des années sous le régime de Ben Ali. Nous sommes pour une révision de la dette et de tous les contrats passés par le biais d’un audit très précis. Il faudra tout étudier au cas par cas pour pouvoir se débarrasser de ce boulet qui plombe l’économie tunisienne depuis trop longtemps.
Quels changements voulez-vous apporter pour les Tunisiens vivant à l’étranger ?
Nous devons renforcer leur sentiment de fierté et d’appartenance à notre nation. Des missions diplomatiques tunisiennes devront garantir et défendre les intérêts des citoyens tunisiens vivant à l’étranger. Mais pour partir sur des bases saines, il va falloir nettoyer les missions diplomatiques d’une partie de la police tunisienne et des corrompus qui s’y cachent toujours.
Aujourd’hui, tout est trop compliqué pour les citoyens vivant à l’étranger. Il faut simplifier les services administratifs et en faciliter l’accès. Pour que tout le monde soit logé à la même enseigne, nous devrons, petit à petit, les rendre gratuits grâce à l’apport d’internet. Les gens pourront faire leurs démarches sans bouger de chez eux.
Il faut penser aussi à alléger les formalités douanières pour nos compatriotes qui rentrent chaque année au pays.
Enfin, nous devons dispenser un enseignement gratuit et digne de ce nom de la langue et la culture arabe pour l’ensemble de la communauté.
Propos recueillis par Jonathan Ardines