Situation critique dans les prisons françaises
Prisons surpeuplées, conditions de détention minimales pas toujours respectées, prisons pour mineurs épinglées par le sénat, conditions de travail des gardiens…, le constat semble bien sombre.
Surpopulation
Malgré l’ouverture de douze nouveaux établissements pénitentiaires depuis 2008, le parc demeure insuffisant. Selon les derniers chiffres de l’administration pénitentiaire (AP) 64 726 détenus se répartissent sur les 56 081 places disponibles, soit une baisse des effectifs de 0,4 % par rapport au mois de juin. Cependant, l’AP note une hausse de 4,2 % par rapport à juillet 2010 (62 110).
Une solution envisagée par le député UMP richard Dell’Agnola pour remédier à cette carence serait de renvoyer les prisonniers étrangers dans leur pays d’origine. Une idée partagée par le Front national, comme on peut le lire sur leur site. «Ceux qui auront commis un crime ou un délit seront expulsés au motif de la double peine, abolie par Nicolas Sarkozy, qui correspond bien à un double délit : le délit commis par l’étranger, ainsi que l’irrespect de l’hospitalité du pays d’accueil».
Atteinte à la dignité
Mercredi 13 juillet, le tribunal administratif de Marseille a annoncé que l’État devra verser des dommages et intérêts à deux détenus des Baumettes pour leurs conditions d’incarcération portant atteinte à la dignité des personnes. Et ce n’est pas un cas isolé puisqu’un jugement similaire a été rendu en faveur de deux prisonniers des maisons d’arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine) et Bois d’Arcy (Yvelines) pour les motifs suivants : cellule de superficie inférieure à la norme recommandée, aération bouchée, pas d’eau chaude dans le lavabo…
Les prisons pour mineurs en ligne de mire
Mercredi 13 juillet, le sénat a rendu public son rapport sur «l’enfermement des mineurs délinquants». Leur nombre a augmenté depuis le 1er janvier passant de 688 à 791 au 1er mai dernier. Le rapport traite des «deux structures destinées à accueillir des mineurs délinquants ayant commis des infractions d’une gravité telle qu’un enfermement temporaire s’avère nécessaire : les centres éducatifs fermés (CEF), d’une part, les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), d’autre part» créée par la loi d’orientation et de programmation de la justice en 2002.
Si concernant les premiers, le bilan est plutôt satisfaisant dans la mesure où «près des deux tiers des mineurs placés en CEF ne commettraient pas d’infraction dans l’année suivant la fin de leur placement» le rapport note que «cette donnée ne repose sur aucune étude scientifique établie». Quant aux six EPM, ils «n’ont cessé de susciter la controverse» depuis leur création. «En créant des centres fermés, des prisons pour mineurs et en fermant les foyers ouverts ainsi que les dispositifs d’insertion, le gouvernement Fillon a déjà fait son choix : réprimer, enfermer et non plus éduquer» écrivait déjà en juin le NPA (nouveau parti anticapitaliste) avant même que ne soit votée la nouvelle réforme de la justice ni que soit rendu public ce rapport.
La collaboration de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) et de l’administration pénitentiaire, c’est-à-dire l’alliance du répressif et de l’éducatif, participe à ces critiques.
Pour améliorer la qualité d’accueil du mineur et assurer, le sénat souhaite limiter le nombre de places à 60 par établissement.
Gypsy Allard