Printemps arabe – L’exception marocaine selon les Américains
Dans un article publié le 26 octobre dernier par le cercle de réflexion américain Hudson New York Institute, le Maroc rafle les éloges faits au « printemps arabe ». L’analyse faite depuis New York estime que le futur gouvernement marocain sera indéniablement libéral.
« Les espoirs du printemps arabe se sont dissous dans la violence de la foule, souvent contre des minorités religieuses (Égypte), dans la guerre civile (Libye) ou encore dans la montée des islamistes (Egypte, Libye et Tunisie) ». C’est sur cette note tragique que démarre l’article paru sur le site du think tank américain, avant de se lancer dans un discours fort élogieux à propos des avancées démocratiques du Royaume, depuis le début des révolutions dans le monde arabe.
Selon ces experts américains, il n’y a aucune violence au Maroc, aucune vague de radicalisme religieux ou de répression policière. Seul le débat politique anime le pays à l’approche des élections législatives, pendant que les pays voisins sombrent dans la violence.
« Les prochaines élections, prévues pour le 25 novembre, sélectionneront – pour la première fois dans l’histoire de la région – le premier parlement pleinement habilité à gouverner un Etat arabe », explique l’article qui juge que le Maroc s’est engagé, depuis 15 ans, dans un processus de transition que les mouvements contestataires n’ont fait qu’accélérer.
Le futur gouvernement
L’article du Hudson NY examine la scène politique marocaine et la décortique à partir des résultats des campagnes précédentes, mais également sur la base de données « confidentielles ». Sur la trentaine de partis légalement constitués au Royaume, l’institut souligne l’activité importante d’une douzaine de partis qui maintiennent une présence permanente sur la scène politique en dehors des élections et remportent pratiquement tous les votes et les sièges parlementaires.
En se basant sur les sources « confidentielles », l’article du Hudson New York place le Rassemblement National des Indépendants (RNI) en tête de file avec au moins 12% des voix. Le Parti de l’Istiqlal (PI) devrait suivre de très près avec 11%, selon le taux de participation. En troisième position, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) est censé remporter 10% des voix. Le parti islamiste, le Parti pour la Justice et du Développement (PJD) se placerait derrière le RNI, PI et le PAM avec 9% des voix, « rassure » le rapport du Hudson Institut, connu pour ses positions contre le radicalisme religieux.
Pour étayer cette théorie, le rapport en question explique que les partis du RNI, du PAM et du PI ont une meilleure connaissance en matière de réforme économique et de création d’emplois, en plus d’avoir su copier sur les idées novatrices du PJD. Il a également souligné que la base de soutien du PJD est étroite et que les islamistes n’ont pratiquement aucun soutien dans les zones rurales. La coalition déjà établie entre le RNI et le PAM augure, à la lumière de cet article, de la suprématie des partis libéraux.
A ce sujet, le site Goud.ma a contacté Mustapha Elkhalfi, le directeur d’Attajdid, la publication marocaine de sensibilité proche du PJD, et qui occupe également le poste de directeur du Centre Marocain des études et des recherches contemporaines. « Ce résultat n’est pas fondé sur une étude de terrain ni sur une méthodologie scientifique de l’étude de l’opinion publique », déclare Elkhalfi en précisant que des sondages réalisés de façon scientifique ont octroyé la première place au PJD. « L’institut qui a accompli cette étude est peu connu dans la scène américaine et n’a aucune chance d’influencer la psychologie ou la décision de l’électeur », conclut-il.
Fedwa Misk