Point de vue/ Tunisie Les Tunisiens ont voté pour parachever leur révolution

Ils ont boudé les partis dits libéraux et modernistes.

Ces derniers, encore une fois, n’ont pas su parler un langage clair et simple.

Ils savent manier les concepts, parler dans les salons, c’est tout…

Que signifie le mot modernité pour un électeur qui tire le diable par la queue, qui se bat dans les transports publics, dont les enfants, malgré leur bac+4, sont chômeurs ?

Et ne parlons pas de laïcité, devenue synonyme d’athéisme.

Les Tunisiens ont voté pour une vraie rupture avec le passé, car à aucun moment, ils n’ont eu l’impression qu’elle a eu lieu.

Ils ont choisi, à tort ou à raison, Ennahdha, le Congrès pour la République (Moncef Marzouki), Al Aridha (Hachemi Hamdi), parce qu’ils ont eu l’impression qu’ils étaient plus proches de leurs préoccupations. Qu’ils parlaient la même langue. Qu’ils étaient plus propres (il y aura certainement des enquêtes concernant les liens financiers et politiques d’Al Aridha avec l’ancien régime).

Ils ont voulu une moralisation de la vie publique, de la dignité, du respect, et la fin de l’impunité pour l’ancien régime.

Ils ont eu l’impression que leur révolution a été confisquée. Ils voient bien que les membres du clan Ben Ali-Trabelsi n’ont pas  été réellement poursuivis. Ils ont eu l’impression qu’on a retrouvé les mêmes têtes, les mêmes hommes de l’ombre. Ils veulent que leur révolution aille jusqu’au bout.

Ils n’ont pas ressenti de gros changements dans leur vie quotidienne et le gouvernement provisoire et transitoire, n’a su ni communiquer, ni expliquer. Et le plus inexplicable reste la mollesse des investigations autour de l’ancien clan : avoirs à l’étranger, nébuleuse Belhassan Trabelsi, mandats d’arrêt internationaux…

Les Tunisiens ont voté pour parachever leur révolution ;  moraliser la vie publique, mettre fin à l’impunité, rééquilibrer les relations sociales.

Que les perdants se le tiennent pour dit et en tirent les conséquences.

Boujemâa Sebti