« Omar m’a tuer » aux Oscars

Le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal est retrouvée morte dans la cave de sa villa de Mougins. Son tueur présumé est condamné à une peine de 18 ans avant d’être « gracié ». L’histoire de la célèbre affaire Omar Raddad fait l’objet d’un film sorti cette année. En février prochain, il représentera le Maroc aux oscars.

L’inscription en lettres de sang, désormais très répandue, « Omar m’a tuer » est l’aspect le plus célèbre de  la tragique affaire d’Omar Raddad. Reprise par les médias comme expression fétiche, elle est retenue comme titre du film qui relate l’affaire.

En fin février 2012, des centaines de stars internationales prendront connaissance de la tragique histoire du jardinier innocent piégé par une inscription au sang de la victime. Un scénario qui n’est pas très éloigné des histoires hollywoodiennes.

Ce n’est pas Rochdy Zem qui se plaindra de cette nomination. Son film « Omar m’a tuer » représentera le Maroc à la prochaine compétition des Oscars. Le long métrage a été choisi pour concourir dans la catégorie du « meilleur film en langue étrangère ».

Une commission présidée par l’écrivain Mohamed Gallaoui s’est réunie, mardi 16 août, au siège du CCM (Centre Cinématographique Marocain), à Rabat, pour arrêter le choix sur le film qui représentera le Maroc cette année aux oscars. La commission de sélection était composée de la comédienne Mouna Fettou, les producteurs et réalisateurs Kamal Kamal et Abdelkrim Derkaoui et des critiques de cinéma Ahmed Boughaba et Omar Benkhemmar.

Quel choix pour la commission ?

Si la création cinématographique marocaine ne s’est pas particulièrement démarquée cette année, le film de Rochdy Zem n’a pas eu le succès qu’il escomptait, non plus.

Omar Raddad lui-même n’avait trouvé rien à dire quant au déroulement de l’histoire, à la prestation techniquement parfaite de Sami Bouajila. Dans une interview donnée au Courrier de l’Atlas, il assure avoir eu l’impression d’être spectateur de sa propre vie.

Pourtant, les critiques n’ont pas été favorables à ce résultat. On lui a reproché de n’être qu’une reconstitution un peu plate, un assemblage plaintif  sans thèse sous-jacente ni aucun point de vue sur l’injustice subie par Omar Raddad.

Certaines ont même accusé Zem d’avoir desservi la cause de Raddad en évitant plus que scrupuleusement tout parti pris dans cette affaire et de s’être contenté d’appuyer sur la victimisation d’Omar et ses scènes de pleurnicheries.

Même Sami Bouajila était froid. « Il singe avec réalisme le regard perdu et mouillé de l’accusé martyr. Pourtant, sa prestation ne nous touche jamais, probablement parce qu’il ne s’en dégage aucune humanité, juste des tonnes de froideur», critique un cinéphile sur son blog (Toujours raison). Et de conclure : « Le film milite sans passion pour la réhabilitation de ce pauvre jardinier auquel la vie n’a pas vraiment fait de cadeau ».

Il reste à espérer que « Omar m’a tuer » trouvera plus d’écho chez les américains que chez les français qui portent cette histoire tel un stigmate. On espère aussi qu’à l’avenir, le CCM aura plus de chance et de choix.

Fedwa Misk