Monde arabe- Polémique autour de la bonne date de l’Aïd
Du jamais vu : la polémique autour de l’observation du croissant lunaire qui indique le nouveau mois lunaire (Chaoual) et donc la fin du ramadan, a atteint cette année l’Arabie saoudite. Cette polémique oppose les astronomes qui sur une base scientifique, expliquent s’il est possible ou pas d’observer la nouvelle lune ; et de l’autre côté, les oulémas. Dans plusieurs pays arabes, dont le pays des Lieux saints, la date du mardi 30 août comme jour de l’aïd a été sérieusement mise en cause par des scientifiques.
Cette année, l’aïd a été fixé au mardi 30 août dans la plupart des pays arabes et musulmans, à l’exception essentiellement de Oman et du Maroc.
Au début des années soixante-dix, l’OCI (organisation de la conférence islamique) avait décidé d’unifier le calendrier lunaire sur la base des calculs scientifiques. Mais cette décision a été suivie par peu de pays.
La quasi-totalité d’entre eux adoptent l’observation à l’œil nu pour vérifier l’avènement de la nouvelle lune.
Le problème que pose le calendrier lunaire est en effet que la lune tourne autour de la terre en 29 jours et dix heures. Il y a donc des mois à 29 jours et des mois à 30 jours.
De plus, la tradition veut que l’on jeune à partir du jour où on observe la nouvelle lune (du ramadan) jusqu’au jour où l’on observe la nouvelle lune (de Chaoual, le mois suivant). Et la tradition dit bien « observer » et non pas calculer.
Donc, les pays musulmans qui ont choisi l’observation et pas le calcul, ont tous un comité religieux composé de personnes de confiance ou considérées comme telles, chargées d’observer le nouveau croissant dès le soir du 29ème jour du ramadan.
Cette année, la plupart des comités ont annoncé avoir observé, le lundi 29 août, le nouveau croissant ; ce qui a conduit ces différents pays à décréter la fin du mois sacré.
Or, plusieurs astronomes ou associations d’astronomie, dans plusieurs pays musulmans dont l’Arabie saoudite, l’Egypte, l’Algérie ou le Bahrein, ont mis en doute ces observations. «Il était impossible d’observer le nouveau croissant le lundi, pour une raison simple : ce jour là, la nouvelle Lune, qui était effectivement là, s’est couchée avant le soleil», expliquent-ils.
En d’autres termes :
-si vous voulez respecter strictement la tradition de l’observation à l’œil nu, l’aîd tombait le mercredi 31 août ;
-si vous acceptez le calcul scientifique, l’aïd tombait le mardi.
Les astronomes ne mettent pas en doute la bonne foi des religieux chargés d’observer la nouvelle lune, mais expliquent qu’ils ont confondu certainement l’astre lunaire avec Saturne et/ou Vénus, observables sous le même angle.
Tout cela a nourri de belles polémiques et donné lieu à des débats et fetwas.
Et ce fut la première fois que l’ont vît, en Arabie saoudite, une remise en cause publique d’une décision de la commission royale des fetwas.
Ah, le monde arabe n’est plus ce qu’il était…
Soufia Limam