Métro d’Alger – Et le rêve devint réalité… 30 ans après !
L’attente a été longue, très longue même. Il a fallu trois décennies pour que le fameux métro d’Alger, un spectre qui hantait la capitale algérienne, sorte enfin du tunnel.
Après s’être trop longtemps gaussé de l’incapacité de leurs gouvernants à leur offrir ce moyen moderne de locomotion dont se sont dotées depuis belle lurette toutes les grandes villes du globe, les Algérois vont devoir ranger leur humour mordant et se faire à la présence de ce monstre ferreux qui slalomera quotidiennement dans les entrailles de leur cité.
Et un événement aussi « exceptionnel », ça se fête en grande pompe. Les autorités algériennes ont donc décidé d’inaugurer ce projet à la veille d’une date hautement symbolique, le 1er novembre, et par le président de la République lui-même. Il faut dire que c’est grâce à Bouteflika que le projet a pu enfin redémarrer en 2003. Sa concrétisation a certes pris 8 ans mais, tout de même, le métro tant fantasmé est enfin là.
Les travaux de réalisation des équipements ont été confiés en 2006 à un groupement de trois entreprises européennes, à savoir Siemens (Allemagne), Vinci (France) et CAF (Espagne), pour un montant total de 380 millions d’euros.
Le projet devait être finalisé en 2009, mais un conflit financier entre Vinci-Siemens et l’Entreprise métro d’Alger (EMA) en a retardé l’échéance. La phase exploitation non commerciale n’a été lancée qu’en septembre dernier par la RATP El Djazair, filiale algérienne de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) qui a décroché en 2007 le contrat pour la mise en service et l’exploitation de la nouvelle ligne de métro pour une période de huit ans.
D’une longueur de 8,5 km, la ligne 1 du métro reliant le quartier Hay El Badr à Kouba à la grande poste au cœur d’Alger compte 10 stations. Le métro sera fonctionnel sept jour sur sept, de 5 heures du matin jusqu’à 23 heures. Quelque 2 000 voyageurs seront ainsi transportés à chaque heure.
Coté sécurité, le métro est doté d’un système de pilotage automatique, un des plus sûrs au monde, et quelque 500 agents aidés par 400 policiers veilleront au grain. Une ombre cependant au tableau : le prix du ticket, fixé à 50 DA, n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Il faut dire que la mise en marche du métro aujourd’hui a été décidée en juillet dernier par le ministre des transports Amar Tou, contre l’avis de l’exploitant français qui préférait attendre début 2012 en vue d’une bonne application des normes internationales de sécurité.
Pour rafraîchir les mémoires, l’idée de doter Alger d’un métro remonte à 1970. Ce n’est que 12 ans plus tard, en 1982, qu’il a été lancé avant de connaître un coup d’arrêt avec la chute des cours de pétrole en 1986 et surtout, la dégradation de la situation sécuritaire pendant les années 90.
Ce n’est qu’en 1994, que le premier tronçon d’à peine 2 kilomètres allant de la place Emir Abdelkader à la Grande-poste a été réalisé. Ainsi, pour concrétiser un projet aussi modeste, il a fallu à l’Algérie « consommer » 5 présidents, toute une nuée de ministres de transports et débourser la somme faramineuse de 100 milliards de dinars, soit plus d’un milliard d’euros !
Un triste record qui doit être inscrit au Guinness et qui ne risque pas d’être battu de sitôt.
Yacine Ouchikh